Des juifs d’Algérie, regroupés autour de l’association “MORIAL, Mémoire et traditions des juifs d’Algérie” ont rendu public une lettre destiné aux présidents algériens et français, Abdelaziz Bouteflika et François Hollande.
Signé par le président de l’association Didier Nebot, la missive s’adresse en premier au président français à propos de l’importance accordée par François Hollande au “devoir de mémoire” pour lui apporter quelques précisions historiques, notamment “le mépris et les humiliations” subis par les juifs, “dhimmis” en terre d’Islam, “allant parfois jusqu’au massacre de certaines communautés”.
Le président de MORIAL se félicite de la promulgation en 1870, du décret Crémieux, qui donna la nationalité française aux juifs d’Algérie. “Lorsque la France, en 1870, nous accorda, par le décret Crémieux, la nationalité française, nous sortîmes enfin définitivement de l’état de soumission intolérable dans lequel les nôtres se trouvaient” a-t-il estimé.
Ensuite, Didier Nebot a évoqué la condamnation par Hollande des massacres subis par la population algérienne en mai 1945, précisant que son association aurait souhaité qu’il condamne “de la même façon, entre autre, le pogrom de Constantine qui eut lieu le 5 août 1934 et qui coûta la vie à 28 de nos correligionnaires ou les horribles massacres que subirent les juifs de Mascara en 1835 lorsque les troupes d’Abdelkader, contre la volonté de leur chef,, tuèrent de nombreux juifs alors que le général Clauzel prenait possession de la ville”.
Dans sa lettre le président de MORIAL semble ne pas avoir apprécié les propos de Hollande sur les méfaits de la colonisation. “Monsieur le président François Hollande, vous avez fustigé les méfaits de la colonisation française durant ces 132 années de présence française, je voudrais vous rappeler qu’elle nous a permis, à nous Juifs, de devenir des hommes libres et d’avoir la nationalité française, ce dont nous sommes fiers”.
Cela n’empêche pas l’auteur de la lettre de demander au président algérien de laisser les juifs d’Algérie revenir pour se recueillir sur les tombes de leurs ancêtres. “Il serait bon, monsieur le président de la République algérienne, que nous puissions revenir sur la terre de nos ancêtres pour nous recueillir sur les tombes de nos aïeux selon nos rites, en toute sécurité, non seulement à titre individuel, comme cela est plutôt possible, mais aussi et surtout collectivement, comme peuvent le faire nos amis chrétiens” a-t-il affirmé.
A l’adresse de Bouteflika, il a commencé par un rappel du passé. Il dira: “Dans le passé, nous nous sommes souvent recueillis, ensemble, sur les tombes de nos sages. Ils étaient souvent les mêmes et régulièrement des cohortes de Juifs et d’Arabes se pressaient, pratiquement main dans la main devant ces sépultures sacrées”, et de continuer avec l’espoir de voir une “belle image pour le futur si les cousins éloignés que nous sommes, étaient capables de se sourire, de se tendre la main et d’avoir des projets communs”.