Des joueurs y laissent des millions de centimes chaque jour, Des casinos fleurissent à Béjaïa

Des joueurs y laissent des millions de centimes chaque jour, Des casinos fleurissent à Béjaïa
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Des fortunes sont perdues en silence et des familles se déchirent

Certains joueurs perdent jusqu’à 20.000 dinars en quelques minutes.

Il était accoudé au comptoir, la tête ailleurs. Il est visiblement dans tous ses états. Hier, il a perdu 420.000 centimes en jouant aux machines à sous de bonus insider. Lorsqu’il ne lui restait plus un sou en poche, le patron de l’établissement n’a même pas jugé utile de lui payer un taxi pour le ramener chez lui.



Ce jeune n’est qu’un exemple parmi tant d’autres victimes de ce jeu que la loi a pourtant interdit mais à Béjaïa certains établissements continuent à l’utiliser à outrance, faisant des victimes certes conscientes mais qui auraient pu échapper aux pertes colossales si la loi était appliquée et si les patrons des établissements géraient au mieux les situations. Les machines à sous font des ravages à Béjaïa. Des fortunes sont perdues en silence et des familles se déchirent. Le père en est un accro.

On raconte qu’un autre citoyen ayant vendu une demeure pour sept milliards de centimes a tout perdu en l’espace de quatre mois. Ce sont des cas que la vox populi colporte çà et là à Béjaïa. On parle souvent de drogue, de prostitution, d’agressions et de vols et on oublie cette catégorie de joueurs qui perdent des sommes colossales dans l’ignorance totale. A Béjaïa il existe trois établissements qui possèdent des machines à sous, l’un sur la côte est et les deux autres dans la ville de Béjaïa.

Chaque jour, elles sont convoitées par des clients riches et pau vres et ça passe vite. Selon un employé d’un établissement dont nous tairons le nom, certains joueurs perdent jusqu’à 20.000 dinars en quelques minutes. Comme une drogue, on n’arrête que lorsqu’on aura tout perdu. L’installation de machines à sous illégales existe bel et bien à Béjaïa. Ce réseau, tout aussi dangereux que celui de la drogue et du trafic d’armes, active en toute impunité. Dans un établissement au centre de la ville de Béjaïa, trois à quatre machines fonctionnent à plein temps.

Entre deux gorgées de boisson, des milliers de dinars sont engloutis. Qu’à cela ne tienne! Les accros sont là à attendre leur tour. Au final aucun gagnant. Seules les machines et leurs tenanciers empochent de coquettes sommes, qu’aucune autre activité de l’établissement ne peut engranger. «J’ai souvent perdu des sommes importantes mais à chaque fois je reviens et je joue», raconte une victime de ces machines.

«Depuis que je joue, rares sont les jours où la chance me sourit et ce n’est pas pour longtemps, car l’envie de gagner plus vous incite à rejouer et vous perdez tout sans prendre garde», explique-t-il. C’est le quotidien des accros aux machines à sous. Si de nombreux individus sont possédés par l’alcool et les psychotropes, d’autres sont en proie aux machines à sous. Un loisir aussi ravageur que tous les fléaux de la société. Si le phénomène des machines à sous n’est pas très visible dans les établissements publics, il reste que là où il se trouve il fait parler de lui. Il se trouve que même des gens s’y rendent pour le plaisir de voir les sensations des joueurs au moindre gain et beaucoup plus à l’issue d’une partie de jeu assez coûteuse.

«Je viens souvent ici pour regarder les gens jouer et découvrir leurs sensations, j’avoue que parfois je suis bouleversé», raconte ce jeune, un habitué d’un établissement où les machines à sous battent leur plein. Si le joueur des machines à sous est connu de tous, qu’en est-il des services de sécurité?

De tous les rapports et bilans que nous recevons de leur part, il n’a jamais été question de ce fléau ravageur. On fait souvent état de drogue, de cambriolage et de prostitution mais point de machines à sous. Serait-ce en raison de l’existence peu propagée de ces machines? Ou est-ce parce que les clients ne se plaignent jamais? Des questions qui méritent d’être posées à la veille de ce mois sacré propice à tous les vices, dont celui du jeu qui réapparaît sous toutes ses formes.

Du pain sur la planche en somme pour ceux qui sont chargés de lutter contre les fléaux qui minent la société.