Tout a commencé dans le quartier populaire Saïd Otba, lorsque de jeunes chômeurs ont tenté de fermer une route principale. L’intervention des forces antiémeutes ne s’est pas fait attendre, et de violents affrontements ont eu lieu.
La wilaya de Ouargla, située au sud-est algérien, a été dans la nuit de mardi à mercredi le théâtre de violents affrontements entre de jeunes chômeurs et les gendarmes. Tout a commencé dans le quartier populaire Saïd Otba, lorsque de jeunes chômeurs ont tenté de fermer une route principale. L’intervention des forces antiémeutes ne s’est pas fait attendre, et de violents affrontements ont eu lieu.
«Les premiers signes d’un accrochage ont commencé dans la nuit de mardi, lorsque les forces antiémeutes sont intervenues pour déloger les chômeurs en protestation depuis plusieurs jours devant le siège de la wilaya. Dès lors, et face au silence et la fuite en avant des responsables locaux, les protestataires ont décidé de descen-dre dans la rue pour attirer l’attention des autorités locales. D’autres jeunes chômeurs ont rejoint cette action», a indiqué hier, par téléphone, El Madani Madani, militant et membre de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (Laddh) à Ouargla. «Les affrontement ont été violents et ont duré jusqu’à 6 heures du matin. Une centaine de jeunes du quartier Saïd Otba sont intervenus pour soutenir et prêter main forte aux chômeurs qui affrontaient les forces de l’ordre», souligne notre témoin.
Selon lui, «les jeunes émeutiers, chauffés à blanc, ont même attaqué un commissariat de police qui a subi d’importants dégâts». «La façade d’un poste de police a été brûlée par les émeutiers», ajoute-t-il. Un jeune émeutier et deux gendarmes ont été blessés lors des escarmouches. La tension n’a pas baissé durant la journée d’hier, puisque les gendarmes encerclent toujours le quartier Said Otba et d’autres quartiers avoisinants. «Les affrontements peuvent reprendre à tout moment. La route reste bloquée à l’heure actuelle et la situation demeure tendue», a indiqué ce militant. Ce dernier explique ces violence par «la détresse et la misère» auxquelles sont confrontés les jeunes de cette région. A Hassi Messaoud, une ville pétrolière et riche relevant de la wilaya de Ouargla, de jeunes chômeurs protestent depuis plus de quinze jours devant le siège de la wilaya.
Les manifestants ont suspendu leur grève de la faim mais pas la protesta. «Aucun responsable local n’a fait le moindre geste en leur faveur», ce qui signifie, selon notre interlocuteur, que «les jeunes sont méprisés et ignorés dans cette contrée». «Les manifestants exigent leur intégration dans les multinationales après avoir obtenu une décision délivrée par le bureau de main-d’œuvre de ladite localité. Les firmes étrangères refusent de les embaucher, malgré les décisions de l’Anem», dit-il. Selon lui, les multinationales exerçant dans cette zone pétrolière «agissent en toute illégalité et personnes ne peut intervenir».
Ce militant des droits de l’homme tire la sonnette d’alarme et interpelle les hautes autorités du pays à intervenir pour mettre fin à ces «dépassements». «La région va exploser un jour. Les jeunes sont au bord de l’asphyxie. Au problème du chômage et de l’exclusion sociale s’ajoute le népotisme et la hogra des multinationales», a-t-il averti. Les tentatives de suicide sont devenues quasi quotidiennes dans cette région. Dernière en date, un jeune de 20 ans s’est pendu à Hassi Messaoud au mois de mars dernier. Récemment, des émeutes similaires et de même intensité ont eu lieu dans le quartier populaire de Taksebt, au nord de la ville d’El-Oued. C’est le chômage qui a été à l’origine des affrontements. Depuis quelques jours, la tension gagne d’autres régions du Sud algérien.
Par Hocine Larabi