« Je me sens vraiment libre », s’exclame Ala, un Palestinien de 13 ans, qui goûte pour la première fois aux joies des vacances parmi une cinquantaine de jeunes étrangers accueillis en France par le Secours populaire.
A Gravelines (Nord), dans des tentes montées sur le terrain d’une ferme, des jeunes venus notamment de Palestine, du Liban et du Sahara occidental oublient depuis fin juillet les conflits ou la misère qui minent leur pays, à l’occasion du 20e anniversaire de la convention internationale des droits de l’enfant, ratifiée par 191 pays sous l’égide de l’Onu.
« Etre dans un pays libre, pas en guerre: je me sens vraiment libre », explique, durant un cours de basket-ball, Ala, qui vient d’Hébron. « Rencontrer d’autres cultures, c’est très difficile en Palestine », ajoute-t-il.
« Les enfants sont partout pareils, ils veulent s’amuser, prendre du plaisir, c’est universel », explique le basketteur américain Forrest McKenzie, ancien joueur de Gravelines et entraîneur bénévole d’un jour.
Sous ses ordres, une trentaine d’enfants lancés dans un concours de paniers scandent « Come on ! » ou « Yallah ! » pour s’encourager.
« Ici, nous sommes loin de la politique, loin des problèmes », explique dans un français timide mais presque parfait Lama, 16 ans, venue du Sud-Liban, qui souhaite en profiter pour « oublier tous les malheurs du pays ».
Inversement, pour Tayeb, 23 ans, un Sahraoui de Paris qui encadre ce type d’opérations depuis deux ans, aider ses jeunes compatriotes à « retrouver leur enfance » lui procure son « seul lien » avec sa patrie d’origine.
Christian Hogard, responsable du centre, estime qu’il s’agit d’une « action unique en France » par son ampleur. Elle le restera probablement en raison d’un coût élevé, supporté par le Secours populaire et ses partenaires.
Son but premier est selon lui « de montrer que la paix est possible partout ».
« C’est toujours difficile. Les petits Biélorusses n’ont pas pu venir, faute de visas », explique toutefois Christian Hogard.
Après la séance de basket et un joyeux déjeuner en plein air, les enfants prennent la direction de la plage pour un spectacle de danses et de chants traditionnels.
Devant le regard surpris mais séduit de vacanciers, Alissa, Libanaise de 19 ans, entame une danse orientale endiablée au son du derbouka.
« Je m’exprime par la danse, c’est une façon d’oublier les problèmes », explique-t-elle. « Je ne suis là que pour 19 jours. Mais chaque jour passé ici, c’est comme une année », dit-elle dans un grand sourire.
« La première chose que je ferai, quand je rentrerai, sera de prendre mes parents dans mes bras. La seconde, transmettre à mes frères et soeurs le message selon lequel il y a d’autres pays et d’autres enfants qui souffrent », promet Ala.