L’attitude d’un chef d’Etat qui consiste à défendre son pays contre Al Qaïda et à traiter ses opposants de rats est inévitablement l’objet de critiques. Le cas de Kadhafi, s’opposant aux rebelles soutenus par l’aviation de l’OTAN, en est un exemple. Des universitaires de haut rang, dont le politologue Seddiki, ont longuement analysé, au cours du colloque consacré aux révolutions arabes, les raisons psychologiques et les motivations politiques.
Au quatrième jour, les travaux du colloque académique sur le monde arabe en ébullition, révolte ou révolution, se poursuivent à la Bibliothèque nationale avec autant d’intérêt que le jour de l’ouverture. Il faut dire que les intervenants sont des experts et des spécialistes de premier ordre et le thème est brûlant d’actualité.
Les débats sont aussi passionnants que les conférences. L’auditoire, sachant qu’il a en face de lui des chercheurs et des analystes de haut rang, veut tout savoir en posant des questions pertinentes et réalistes. Bien souvent, l’heure impartie aux débats est largement dépassée, laissant sur leur faim de nombreuses personnes voulant comprendre le moindre détail sur ces soulèvements du monde arabe qui étaient impensable, et inimaginables il n’y a même pas un an.
A ce propos, l’intervention du professeur Sadiki ce samedi est pleine d’enseignements. Son analyse repose sur deux fondements essentiels. Le premier, c’est que l’ère de la dictature dans le monde arabe est bien révolue. Si ce régime dictatorial est à ses balbutiements, son déclin est programmé à court ou moyen terme. Le deuxième fondement, c’est que les peuples arabes doivent maintenant penser à édifier leur monde démocratique qui est leur avenir inéluctable.

Ce monde démocratique s’appuie sur des réformes structurelles d’une importance stratégique. Ce n’est pas seulement le système politique qu’il faut revoir mais aussi et surtout les questions relatives à l’économie, à l’éducation, à la culture ainsi qu’au monde social.
Le professeur Sadiki enseigne à l’université d’Oxford en Grande-Bretagne, il est de mère algérienne et de père tunisien.
Concernant le problème palestinien, cet éminent universitaire constate l’isolement d’Israël. Seule la Jordanie lui est encore faiblement favorable et encore du bout des lèvres. La Turquie, autrefois son allié, lui est devenue hostile aujourd’hui.
A propos des événements de Libye, une question a été posée demandant si le colonel Khadafi est un traitre ou un nationaliste. Les intervenants n’ont pas éludé cette question, laissant à l’assistance le soin de trouver une réponse. Ils ont avancé ces arguments disant qu’un chef d’Etat qui appelle grossièrement à une répression féroce contre son peuple, donne à réfléchir.
D’autre part, pour Kadhafi, la guerre qu’il mène se ramène à une guerre sainte contre ce qu’il considère comme des croisés. Bien que politiquement déchu, sa stratégie consiste à soulever des clans les uns contre les autres. Ce sont les arguments avancés au cours de ce colloque.
Ce samedi les travaux de cette captivante rencontre académique se prolongent tard dans la nuit. Ce sera Lakhdar Brahimi qui présidera cette séance nocturne autour d’un panel d’illustres chercheurs et universitaires.
Kamel Cheriti