Le président du SILA (Salon international du livre d’Alger), Smaïn Ameziane, peut mesurer aujourd’hui l’ampleur de sa gaffe.
Plusieurs intellectuels algériens résidant en Algérie, en Europe et en Amérique du nord ont signé une pétition appelant à «la levée de l’interdiction d’exposition des livres égyptiens au prochain Salon international du livre d’Alger (Sila) en octobre. Lire également : L’Égypte persona non gratta au Salon international du livre d’Alger
Les signataires de cette pétition, lancée par Ahmed Bensaada, docteur en physique et auteur vivant au Canada, entendent dénoncer la décision du commissaire du Sila «d’interdire d’exposition les livres égyptiens lors de la prochaine édition de cet évènement ».
Les signataires trouvent « aberrante cette tentative unilatérale de punir la littérature égyptienne et le lectorat algérien alors qu’on continue à jouer au football, source initiale de tout ce scandale, avec des équipes égyptiennes ». Les signataires de la pétition demandent ainsi « aux autorités concernées par ce scandale d’y mettre un terme en levant l’interdiction faite aux livres égyptiens afin de leur permettre d?être découverts, lus et appréciés par les lecteurs algériens », selon le texte publié sur internet.
Le commissaire du Sila, Smaïn Ameziane, a justifié la non invitation des éditeurs égyptiens par les réactions hostiles à l’Algérie d’intellectuels égyptiens après des incidents qui avaient émaillé le match de football entre les deux pays pour la qualification au Mondial-2010, le 14 novembre 2009 au Caire. Dans une rencontre tenue dimanche 8 août au siège du commissariat du Salon international du livre d’Alger, le commissaire de ce salon, Smaïn Améziane, a ainsi expliqué sa décision : «C’est par respect aux joueurs et supporteurs qui ont été caillassés et agressés au Caire. En tant que citoyen je ne peux pas le faire.
Je ne suis pas prêt à recevoir les Égyptiens en Algérie, c’est encore frais ce qu’ils ont fait!». Le commissaire a ajouté que la décision d’exclure les Égyptiens a été prise à «titre personnel» sans concertation avec son ministre de tutelle, Khalida Messaoudi. Interrogée quelques jours plus tard, la ministre de la Culture a fait montre de sa solidarité à l’égard de cette décision.
Concernant l’insistance du responsable des éditeurs égyptiens qui a déclaré dans la presse de son pays l’envie et la persistance de l’Égypte à vouloir participer au Salon international du livre d’Alger, Smaïn Ameziane s’est montré catégorique : «C’est trop tard. J’aurais aimé que ces éditeurs aient réagit avant…», a-t-il martelé.
La crise entre l’Algérie et l’Egypte a éclaté le 12 novembre lorsque le bus transportant l’équipe algérienne avait été caillassé au Caire et trois joueurs avaient été blessés.
Deux jours plus tard, le match avait été suivi d’incidents violents en Algérie, où des locaux d’entreprises égyptiennes avaient été attaqués et des Egyptiens avaient vu leur domicile saccagé. Des incidents étaient également survenus le 18 novembre lors du match d’appui disputé à Khartoum, remporté 1-0 par l’Algérie.
La crise avait pris un tour diplomatique avec des manifestations au Caire devant l’ambassade d’Algérie et le rappel pour consultation des ambassadeurs d’Algérie au Caire et égyptien à Alger par leur pays respectif
Appel pour la levée de l’interdiction de SILA infligée à la littérature égyptienne
Le Commissaire du Salon International du Livre d’Alger (SILA) a délibérément décidé d’interdire d’exposition les livres égyptiens lors de la prochaine édition de cet évènement. Il a invoqué, en guise de justification, la campagne haineuse menée contre l’Algérie par certains médias égyptiens ainsi que le mauvais traitement subi par des citoyens algériens lors de la rencontre, au Caire, entre l’Équipe nationale de football et son homologue égyptienne.
La ministre de tutelle s’est publiquement déchargée de la chose sur ce responsable qui affirme, fièrement, la souveraineté de sa décision. Il dit défendre la dignité du pays et de son Histoire. Comme si cette dignité pouvait être mise en parallèle avec une exposition de livres. Comme si nos valeureux martyrs pouvaient être satisfaits d’une telle dérive, qui se traduit par un mépris arrogant vis-à-vis de la culture de nos peuples. Comme si on pouvait unilatéralement punir la littérature égyptienne et le lectorat algérien alors qu’on continue à jouer au football,source initiale de tout ce scandale, avec des équipes égyptiennes.
À notre avis, il s’agit bien d’un chauvinisme délirant qui révèle, en fait, le peu d’égard que le livre en particulier et la culture en général ont toujours eu dans notre pays et une propension de certains de nos responsables à dénoncer au lieu d’éduquer.
Pour cela, nous, signataires du présent appel, nous nous démarquons de cette honteuse décision et appelons tous ceux qui sont soucieux de ne pas laisser passer un acte aussi irréfléchi
– à dénoncer le chauvinisme dont font preuve certains responsables du secteur de la culture, tant ce sentiment exprime des dérives politiques en complète contradiction avec les intérêts supérieurs de notre peuple dont le seul ennemi doit être le sous-développement sous toutes ses formes;
– à demander aux autorités concernées par ce scandale à y mettre un terme en levant l’interdiction faite aux livres égyptiens afin de leur permettre d’être découverts, lus et appréciés par les lecteurs algériens.