A chaque fois que le besoin de le montrer au peuple se fait sentir, le président doit faire son numéro, un exercice de style harassant pour un homme malade et fatigué, mais qui doit se plier à l’urgence de « prouver au peuple »…
Episodiquement, et pour renforcer encore l’illusion du ça va mieux, on rappelle le président pour une nouvelle séance photo ou filmée.
Cette fois, en recevant le chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah, les images ne sont guère plus rassurantes que celles recevant le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et le chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah, aux Invalides, le 12 juin 2013, ou lors de son retour en Algérie sur une chaise roulante, le 16 juillet dernier.
Les dernières prises d’images du président de la République le montrent en chemise par-dessus le pantalon. Ses conseillers tentent de toute évidence de le montrer totalement guéri du côté droit lorsqu’il dirige sa main vers la table et sa tasse de café. Toutefois, on remarque que le côté gauche demeure immobile et la répétition d’une vidéo à l’autre laisse planer de grands doutes sur ses capacités motrices.
Le président apparaît totalement affaibli. Pour la première fois, on l’entend parler, sa voix chevrotante et au débit très lent reste difficilement audible. Le général Gaïd Salah lui-même ne donne pas l’air d’être à son aise dans semblable situation, forcée, tirée par les cheveux, et au final, humiliante pour le président.
Les premières images diffusées le 12 juin du président entouré de Abdelmalek Sellal et du général-major Ahmed Gaïd Salah étaient muettes et, au lieu de rassurer, avaient relancé des commentaires alarmistes sur son état de santé.
Les images muettes des Invalides ont carrément alarmé les citoyens, avec un choix de deux minutes de photos qui, loin de mettre en relief la bonne santé du président, ont dévalorisé toute la mission marketing montée à la hâte pour cet objectif précis.
Le retour du président en Algérie, le 16 juillet, a été lui aussi diffusé en essayant au maximum de donner l’illusion de ça va mieux, mais en vain.
Une première photo a été diffusée par l’agence APS, suivie de quelques images diffusées à la télévision montrant Bouteflika assis dans une chaise roulante, entouré des principaux représentants de l’Etat, assis devant les tables basses d’un salon.
Etaient présents : le Premier ministre Abdelmalek Sellal et le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, les présidents du Sénat, Abdelkader Bensalah, et de l’Assemblée populaire nationale, Mohamed Larbi Ould Khelifa, ainsi que le président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaïz.
Dans cette seconde vidéo, on y entend des voix, notamment celle de Sellal, sans pouvoir distinguer ce qu’ils disent. Le président, très pâle et crispé, ne prononce qu’une parole: « incha Allah ». Il se contente de bouger les doigts de ses mains croisées.
A chaque fois que le besoin de le montrer au peuple se fait sentir, le président doit faire son numéro, un exercice de style harassant pour un homme malade et fatigué, mais qui doit se plier à l’urgence de « prouver au peuple »…
Depuis plusieurs semaines, l’urgence d’appliquer l’article 88 a été oubliée. Aucune partie n’est prête pour le moment à aller à la hâte vers une présidentielle qui ouvrirait très grandes les portes sur toutes les probabilités. Alors, de grâce, laissez le président se reposer, sans avoir à chaque fois le besoin de démontrer quoi que ce soit…
Annane Imad-Eddine