Des garde-fous contre une mauvaise exploitation des gaz de schiste

Des garde-fous contre une mauvaise exploitation des gaz de schiste

Des garde-fous seraient mis en place pour protéger l’environnement des risques encourus dans l’exploitation des gaz de schiste ont assuré, mercredi à Alger, des cadres du ministère de l’Energie et des Mines.

« Nous allons introduire les hydrocarbures non conventionnels et nous allons mettre les garde-fous nécessaires », a indiqué Ahmed Mecheraoui, conseiller du ministre de l’Energie et des Mines, lors d’une rencontre avec la presse nationale, consacrée à la révision de la loi sur les hydrocarbures.

Selon M. Mecheraoui, le premier des garde-fous est d’ordre légal, dans la mesure où chaque exploitation de ce type d’hydrocarbures nécessite une autorisation de la part du ministère de l’Energie. Le deuxième des garde-fous concerne les accords d’exploitation délivrés par ALNAFT qui doivent obéir à un ensemble de règles à respecter par la compagnie exploitant les gaz de schiste, a-t-il ajouté.

Mercredi, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal a annoncé, lors de son passage au Conseil de la Nation que les autorisations nécessaires à l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels devraient être approuvées par le Conseil des ministres.

M. Mecheraoui précise que la protection des nappes aquifères va se faire en amont, durant les opérations de forages par la cimentation des tubages du puit qui est vérifiée minutieusement pour éviter toute fuite de gaz. Ce forage se présente comme un emboîtement de tubages d’acier cimentés, isolant totalement les parties supérieures où sont localisées les aquifères, des zones de production situées à plusieurs kilomètres plus bas.

Si des anomalies venaient à être constatées lors de la cimentation des tubages, l’Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH) prendrait les dispositions nécessaires pour arrêter le forage. « Toutes les précautions et les vérifications seront prises avant le démarrage de l’exploitation », a-t-il rassuré, en soulignant que les techniques d’extraction de gaz de schiste ne sont pas méconnues puisque utilisées par le groupe Sonatrach et ses filiales ENAFOR et ENTP.

D’ailleurs, le forage horizontal est déjà utilisé depuis 15 ans par Sonatrach, alors que la fracturation hydraulique est employée pour optimiser la production des gisements. Même si toutefois la technique de fracturation hydraulique utilisée actuellement en Algérie diffère quelque peu de celle employée dans l’extraction des gaz de schiste, le principe demeure le même, précise-t-il.

L’opération de fracturation consiste à fracturer la roche avec un fluide sous haute pression afin de réaliser des fissures artificielles pour libérer les hydrocarbures, a-t-on expliqué. Selon lui, l’expérience de Sonatrach acquise depuis quelques décennies lui permet de développer ce type de projet sans aucune incidence sur l’environnement. Les quelque 9.000 puits forés en Algérie, depuis les premières exploitations à ce jour ont traversé les nappes phréatiques mais n’ont pas pour autant altérées ces ressources d’eau, a-t-il affirmé.

Abondant dans le même sens, Tahar Cherif Zerarga a signalé que les familles des produits chimiques utilisés dans la technique de fracturation hydraulique étaient connues et répertoriées dans des fichiers permettant de prévenir tout effet néfaste.

Pour conclure, M. Mecheraoui a relevé qu’il était un peu prématuré de pousser plus loin le débat sur l’exploitation des gaz de schiste en Algérie, dont la recherche de réserves prouvées est à son premier stade de vérification.

L’exploitation des gaz de schiste, proposée par le gouvernement dans le projet de loi sur les hydrocarbures pour consolider les réserves gazières de l’Algérie, devrait susciter des débats passionnés au sein de l’Assemblée populaire nationale, notamment par le fait que la méthode d’exploration de ces gaz non conventionnels, dite de fracturation hydraulique, est fortement décriée pour être potentiellement polluante des nappes aquifères.

Par contre, dans beaucoup de pays européens ce type de débats sur les gaz de schiste a été clos, et l’exploitation de ces gaz est interdite car utilisant des produits chimiques potentiellement dangereux pour les ressources aquifères.

Ce débat a été également clos dans d’autres pays qui ont appliqué un moratoire pour son extraction, notamment l’Afrique du sud. Les Etats-Unis sont le premier producteur des gaz de schiste ou ’’schale gas’’ dans le monde.

Les réserves de l’Algérie en gaz de schiste sont évaluées à 600 trillions de m3, soit quatre fois le niveau de ses réserves gazières actuelles.

En 2011, Sonatrach a réalisé ses premiers puits de gaz de schiste dans le bassin d’Ahnet, au sud d’In Salah. Leur potentiel serait prometteur.