Des femmes sahraouies tabassées à El-Ayoune

Des femmes sahraouies tabassées à El-Ayoune

Il est vrai que les forces d’occupation marocaines ne reculent devant aucun crime pour garder leur mainmise sur le Sahara occidental. Ce qui est arrivé en date du 23 de ce mois, par contre, dépasse tout entendement. Des femmes sahraouies, qui voulaient manifester pacifiquement à l’occasion de la visite de Christopher Ross dans les territoires occupés, ont été passées à tabac, humiliées, parfois même violées, par des soldats et policiers marocains assurés de leur totale impunité.

Des scènes d’une cruauté extrême ont eu lieu samedi (23 en date) passé dans la ville occupée d’El-Ayoune, précisément au niveau du quartier de Maâ Atallah. Des femmes sahraouies en effet avaient voulu profiter de la visite de Christopher Ross, l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’Onu pour le Sahara occidental, en organisant un sit-in pacifique en vue de l’interpeler sur les conditions de vie très difficiles et la nécessité d’organiser un référendum d’autodétermination le plus rapidement possible. Or, les policiers et les soldats des forces de l’occupation ne l’entendaient pas de cette oreille. Et, au lieu de disperser cette manifestation pacifique de manière «soft», des actions d’une violence inouïe ont eu lieu à l’encontre de ces femmes, désarmées et sans défense. Des vidéos que nous avons pu consulter sur le site Internet suivant se passent de tout commentaire. Il s’agit du //www.newsring.fr/monde/1246-le-sahara-occidental-a-t-il-le-droit-a-lindependance/42443-sahara-occidental-scenes-de-bastonnades-de-femmes-sahraouies-lors-dun-sit-in-pacifique-a-al-ayoune. Les policiers et les soldats n’ont pas hésité à foncer dans le tas, distribuant très généreusement les coups de poings, de pieds et de matraques, n’ayant cure de voir le sang gicler, refusant de songer un instant, un seul, qu’il s’agit-là de femmes sans défense. Pis encore, des cas de viols ont été relevés. Sur ce même site Internet, il nous a été possible de consulter plusieurs témoignages faits par des Sahraouis courageux à visages découverts.

Il en est ainsi pour Mina Baâli. « En arrivant sur le lieu du sit-in, nous avons trouvé des policiers accompagnant le pacha de la ville. Avant même de se rassembler et commencer à lancer des slogans, la police est intervenue avec force pour nous disperser. Ils m’ont poussée avec violence jusqu’à me faire tomber. Un policier m’a tiré par terre et m’a enlevé mon voile. J’ai senti la main de quelqu’un qui voulait m’enlever mon pantalon et il a réussi à le faire. Je lui ai signifié : si tu veux mon pantalon, moi je veux ma terre !».

Ce témoignage très poignant se passe de tout commentaire. Cette femme, sans doute étouffée par l’émotion, n’a pas pu aller plus loin. Car, il n’est pas exclu qu’elle ait été violée, sachant que les policiers ont réussi à la déshabiller. Son époux, Hasna Douihi, indique pour sa part qu’il n’a vu sa femme se faire brutaliser qu’à travers certaines vidéos diffusées sur Internet. Il faut dire qu’au moment où sa femme se faisait brutaliser, il était en train de subir le même sort, quelques dizaines de mètres plus loin. Selon son témoignage, il a été mis dans une voiture de police où il y avait 7 policiers qui l’ont mis à terre et l’ont frappé à coups de pieds et de poings. Il affirme qu’ils l’ont emmené à la banlieue de la ville où ils l’ont jeté pour être récupéré par d’autres agents de la police, utilisant une voiture banalisée, mais portant leurs uniformes, qui l’ont torturé avant de le laisser sur place dans un état lamentable. Khaidouma Joumani, une autre femme victime de ces violences, pousse son témoignage encore plus loin. Elle raconte en effet avoir été «insultée, battue, dénudée et harcelée sexuellement». «Des hommes en civil ont osé toucher des points sensibles de son corps en plein public et sous les yeux du pacha et du chef du cercle», raconte-t-elle encore, la gorge nouée par l’émotion. C’est ainsi que le Maroc franchit à chaque fois une nouvelle étape dans la bestialité de sa répression de toute manifestation pacifique d’un peuple qui continue de vivre sous le joug colonial.

Wassim Benrabah