Des familles SDF, du jour au lendemain 100 expulsions en dix jours, en plein hiver

Des familles SDF, du jour au lendemain 100 expulsions en dix jours, en plein hiver

Pas moins de cent expulsions de familles ont été effectuées à travers la capitale, et ce, en l’espace de quelques jours seulement, depuis que les écoliers ont entamé leurs vacances d’hiver.

Des expulsions ici et là, au Champ de manœuvres tout comme à Bab Ezzouar ou encore à Bachjarrah et Climat de France. Appelées à faire face à leur destin, ces familles ne savent plus où aller. Certaines ont été obligées de mettre en place des habitations de fortune afin d’échapper au froid qui frappe ces derniers jours tout le pays.

C’est le cas des familles récemment expulsées de leurs maisons situées au Champ de manœuvres, et qui sont devenues du jour au lendemain des sans domicile fixe (SDF), s’ajoutant ainsi à la longue liste des SDF qui vagabondent dans les rues d’Alger. Sans un toit digne de ce nom, ces ménages ont été expulsés de leurs domiciles et leurs enfants errent dans les rues, privés de leur enfance.

Plus de 3 000 enfants souffrent de cette situation. Sans un abri chaud par cette période de froid, sans espace confortable pour les enfants afin de faire leurs devoirs, ces malheureuses victimes vivent dans des conditions inhumaines. Ces oubliés de l’Algérie sont condamnés à vivre dehors sept jours sur sept. Nuit et jour, ils luttent contre la canicule, le froid glacial, la faim, sans aucune perspective d’avenir.

Ce sont des personnes en détresse psychologique car ayant perdu tout moyen de réintégrer la société. Le SAMU intervient pour accomplir sa mission salutaire : tenter de secourir les misérables qu’hébergent les rues d’Alger. La mission du SAMU est double : les interventions dans la rue effectuées quotidiennement par les équipes mobiles, et le secours psychologique, social et médical, dans le cas où ces personnes se trouveraient en détresse sociale, mais aussi en cas d’urgence médicale. Ces personnes sont placées dans un centre ou ramenées dans leurs familles quand cela est possible. Le SAMU social a pour rôle d’aider les SDF à affronter l’adversité. Il accompagne ces malheureux aux centres de transit qui recueillent les sans-abri durant quatre à cinq jours avant de les ramener chez eux s’il y a lieu, ou encore les loger dans des centres d’accueil. «Hommes, femmes, et de plus en plus d’enfants occupent les rues d’Alger, il est difficile de les dénombrer», nous dira Mustapha Alilat, directeur du SAMU social de Dely Ibrahim. «Il y a plus de 1 000 personnes à Alger, 80% viennent d’autres wilayas», a-t-il ajouté. Les jeunes viennent dans la capitale pour rechercher du travail et se re-trouvent piégés : pas de travail et pas de toit.

La famille B.R. réside dans un local avec ses deux enfants

Expulsée le 14 décembre dernier, à la veille de Achoura, la famille B.R., dont le père est officier de police, louait depuis 2003 pour 7.000 DA un local de 3 m² situé à Bab Ezzouar et appartenant à A.M., installé depuis 1993 en France. Pour rappel, ce local avait été attribué par l’APC à A.M. pour exercer une activité commerciale. Sept ans après, le propriétaire propose la vente du local aux locataires contre la somme de 90 millions de centimes.

Dans l’impossibilité de payer une telles somme, l’huissier de justice se présente à eux le 14 décembre dernier à 14h30. Accompagné par une unité de la BMPJ de Dar El Beida, l’huissier de justice a demandé au père de la famille d’évacuer les lieux suite à une décision de la justice, sans respecter la trève hivernale. Devant cette situation le père n’a trouvé mieux que de s’installer avec le reste de sa famille composée de deux enfants de 7 et 13 dans un petit local. Cette famille vit dans des conditions insupportables. Elle fait face à un froid sans précédent et un environnement très dangereux.

En effet, à quelques mètres de leur domicile de fortune, des personnes très dangereuses fréquentent le quartier. Le père de famille a failli perdre la vie durant les missions effectuées pendant la période du terrorisme vécue par l’Algérie. Officier à l’époque, ce dernier a échappé plusieurs fois à une mort certaine. Son jeune frère, officier de police, a été assassiné par les terroristes et son père est mort d’une crise cardiaque suite à cela. Cet officier n’a pas bénéficié d’un logement de fonction de la part de la DGSN, malgré toutes les démarches entreprises. La famille espère qu’une réponse favorable lui sera rendue pour que leurs enfants retrouvent le sourire.

Par Sofiane Abi