lors que les experts mond iaux pronostiquent une flambée des prix de l’acier pour les années à venir et ce, malgré le rebond de la production mond iale, le gouvernement algérien a bloqué plusieurs projets d’aciéries. Ces hausses sont d’ores et déjà répercutées sur le marché local. Les magnats de la spéculation se frottent déjà les mains.
Ceci peut être surtout très préjudiciable pour les projets du plan quinquennal, si on prend en considération le pronostic des acteurs du marché de l’acier, interrogés ce lundi par le Financial Time. Rod Beddows, le directeur général de Hatch Corporate Finance, qui attend la plus forte hausse, 66% d’ici à la fin de l’année. Toutefois, en moyenne ces experts tablent sur une hausse du prix des laminés à chaud de 32% en 2011.
Le prix moyen de la bobine atteindrait ainsi 970 dollars, a rapporté le tabloïd économique britannique. Le prix de l’acier approcherait ainsi de son niveau record établi en 2008. Face à ses fluctuations du marché mondial, l’Algérie reste sans stratégie pour pallier un tant soit peu cette hausse importante. Pourtant, l’Algérie était annoncée naguère comme le futur grand producteur d’acier en Méditerranée.
Depuis 2007, les groupes étrangers multiplient les annonces d’investissements dans le secteur de la sidérurgie en Algérie. Le géant franco-indien Arcelor Mittal, le numéro un mondial du secteur ambitionnait de réaliser une nouvelle usine de fabrication de rond à béton d’une capacité de 600.000 tonnes par an à Jijel.
D’après l’étude initiale, le montant de l’investissement avoisine les 800 millions de dollars. Egalement, le géant arabe de l’acier, l’égyptien Ezz Steel a eu le feu vert du gouvernement pour réaliser un complexe sidérurgique à Bellara dans la wilaya de Jijel pour plus 750 millions de dollars, pour produire essentiellement du rond à béton.
Après les évènements du match Algérie/Egypte, El Ezz Steel s’est vu retiré le projet ! Après, le retrait de l’Egyptien, les groupes Mtsui (Japon), Arcelor-Mittal (Inde) et Cevital (Algérie) ont fait des offres pour la réalisation de projets sidérurgiques dans la zone industrielle de Bellara, à Jijel.
Par sa part, le groupe Cevital discute aussi un partenariat avec l’Italien Danieli pour la construction d’un complexe sidérurgique de 10 millions de tonnes à Cap Djenet, près d’Alger. Le montant de l’investissement attendu pourrait avoisiner 2 milliards de dollars. Ces trois grands projets devraient permettre de relancer la sidérurgie algérienne.
Les demandes d’autorisation ont été déposées il y a deux ans, mais jusqu’ici, le groupe n’a reçu aucune réponse, ce qui poussait Issad Rebrab, son PDG à dénoncer en août dernier « les lenteurs bureaucratiques » que subit son projet. Si Cevital ne reçoit pas une réponse claire bientôt, il va annuler son projet comme a fait Arcelor-Mittal.
En effet, le géant indien s’est retiré de la course en novembre dernier, selon les déclarations de son directeur général en Algérie, Vincent Legouic, faite à El Watan. Selon les propos rapportés par le quotidien algérien, installer une usine maintenant est devenu obsolète. La donne a totalement changé depuis 2007. Désormais, cet investissement ne peut pas concurrencer avec les importations depuis l’Europe du sud.
Le seul concrétisé est celui du complexe d’acier qui sera réalisé au pôle économique à Bethioua (35 kilomètres à l’est d’Oran), dans le cadre de l’investissent étranger direct turc, permettant la production de 1 million de tonne d’acier par an. La valeur de ce projet d’un investisseur de Turquie est estimée à 500 millions de dollars américains.
La capacité de production de ce complexe peut atteindre 1,4 million de tonne/an d’acier. Environ 90 % du volume de production d’acier de ce complexe seront orientés vers la production du rond à béton, en adéquation avec les besoins du marché et la demande pour ce type de matériaux de construction, dans le cadre du plan quinquennal (2010-2014).
LES ESTIMATIONS DES EXPERTS MONDIAUX
En attendant, le prix du fer à béton va encore augmenter et de façon vertigineuse, selon les experts approchés par « The Financial Times ». Parmi les analystes interrogés par le quotidien, c’est Rod Beddows, le directeur général de Hatch Corporate Finance, qui attend la plus forte hausse, 66% d’ici à la fin de l’année. Plus modéré, Michael Shillaker de Credit Suisse table sur une progression de 41% d’ici décembre, avec un plus haut au premier ou au deuxième trimestre.
Si certains responsables, comme ceux du russe Severstal ou du japonais JFE, ont répondu qu’ils se refusaient à des prévisions de prix officielles, les dirigeants de trois aciéristes indiens majeurs, Tata Steel, Essar et JSW, prévoient une augmentation de 25%.
Par contre, le dirigeant de Voestalpine, Wolfgang Eder, pronostique une augmentation globale des prix de l’acier de seulement 13%. En Europe, rappellent les analystes d’UBS, le taux d’utilisation des capacités sidérurgiques ne devrait pas dépasser les 75% en 2011.
Une situation qui affaiblit la position des aciéristes lorsqu’ils tentent de faire passer les augmentations de leurs intrants dans les prix des aciers. Si aux Etats-Unis les sidérurgistes ont déjà réussi à augmenter leurs prix jusqu’à 740 dollars, ce sera plus difficile en Europe, a confirmé un analyste de Standard and Poor’s.
LA PRODUCTION MONDIALE EN HAUSSE
La reprise de la production sidérurgique en 2010 s’est vue confirmée par les chiffres annuels publiés par World Steel, qui la situe à 1,414 milliard de tonnes, soit une hausse de 15,2% par rapport à l’année précédente.
Si la Chine confirme son premier rang, avec 626,7 millions de tonnes (Mt) – soit plus de 44% de la production mondiale – sa croissance n’est « que » de 9,3%. Les autres grands pays du secteur affichent des progressions à deux chiffres après l’effondrement de 2008-2009 provoqué par la chute de la demande entrainée par la crise financière.
Le Japon (+25,2%, 109,6 Mt) consolide sa deuxième place sur le podium alors que les Etats-Unis (+38,5%, 80,6 Mt), remontent au troisième rang après une chute spectaculaire. Derrière, la Russie (+11,7%, 67 Mt) et surtout l’Inde (+6,4%, 66,8 Mt), moins touchée par la crise, rétrogradent au quatrième et cinquième rang.
La Corée (+20,3%, 58,5 Mt), soutenue par la demande chinoise, et l’Allemagne (+34,1%, 43,8 Mt), dopée par le rebond des industries mécaniques, affichent également des hausses importantes.
La production chinoise s’est reprise vivement, indique les dernières statistiques publiées par le CISA, l’Association chinoise du fer et de l’acier. Selon l’organisme qui calcule la production sidérurgique par période de 10 jours, la production annualisée chinoise affichait pour la période comprise entre le 1er et le 10 janvier, 654 Mt.
Il s’agit de la huitième hausse consécutive depuis le plus bas de l’année enregistrée pour la période entre le 11 et le 20 octobre à 570 Mt. Un rebond qui devrait se poursuivre ; Max Layton de Macquarie Research, table sur une production annualisée chinoise d’acier supérieur à 700 Mt au deuxième trimestre. Pour l’ensemble de l’année, la banque australienne prévoit une production globale supérieure à 1,5 milliard de tonnes.