Alors que l’APN achevait mercredi l’examen du dernier projet de loi sur les réformes politiques, trois députés, Ali Brahimi, Tarik Mira et Djamal Fardjallah, en rupture avec leur parti le RCD ont rendu publique mercredi une longue déclaration dans laquelle ils font une première évaluation des débats sur les lois en question.
» Avec l’adoption de la loi organique sur l’information, le gouvernement vient de faire passer à la hussarde, en l’espace de moins de deux mois, une série de lois portant sur les réformes. Celles-ci concernent le code électoral, le quota des femmes, les partis politiques, les associations et l’information » notent t-ils d’emblée. Les trois députés soulignent en particulier la loi sur les femmes, dont le sort constitue de leur point de vue un point positif.
» En dehors de la loi sur le quota des femmes, qui porte la marque de la nécessaire discrimination positive, tous les autres textes sont en deçà de ce qui a été octroyé lors de la révision constitutionnelle de février 1989 qui, au final, avait libéré d’énormes espaces pour la transition démocratique.
Une première remarque générale, la loi sur le quota des femmes, malgré ses manquements, peut être considérée comme une avancée dans le sens du progrès « . Pour les ex députés du RCD cette discrimination positive en faveur de la femme avec aussi la promesse de l’ouverture de l’audio visuel constituent une sorte d’arbre qui cache la forêt. » Un écran de fumée destiné à abuser l’opinion sur le reste des textes.
Ces derniers portent le sceau de la centralisation de la décision et le contrôle tatillon de l’Etat sur l’ensemble de l’expression publique qu’elle soit politique ou civique » écrivent les trois députés. Pour ces derniers, la réticence du pouvoir à aller vers de vraies réformes témoigne chez lui d’une angoisse face au désir d’émancipation des peuples et des algériens en particulier .
» Globalement, le pouvoir craint l’autonomie de la société civile dans ses multiples manifestations et subit le syndrome libyen qui le fait se recroqueviller sur lui-même. Les références abusivement répétées, sur pratiquement l’ensemble des textes, aux constantes nationales, à la souveraineté du pays, à la défense des intérêts diplomatiques et économiques de l’Etat sont autant d’éléments de vagues généralités qui indiquent la peur panique du pouvoir face à la volonté d’émancipation des citoyens et de la société civile.
Ces récurrences illustrent aussi l’angoisse du pouvoir face aux évolutions rapides à nos frontières. Au lieu de tirer des leçons positives par une plus grande ouverture, il a choisi la fermeture et l’enfermement, réflexe naturel qui a mené tant de ses semblables à une chute irrémédiable « . Ces trois députés se situent également en porte à faux de ceux qui disent que les réformes sont torpillées.
» Contrairement à quelques informations, colportées ici et là, voulant faire accroire l’idée que l’APN a vidé de son sens les réformes et appelant le Chef de l’Etat à une deuxième lecture, force est de constater que la majorité parlementaire a fait passer dans leur essence les textes de réformes. La démarche ainsi développée vise à tromper l’opinion publique, selon le vieil adage : » Le Sultan est bon mais ses vizirs sont mauvais « . Et de rappeler à ce propos que » la majorité présidentielle, composée de la coalition gouvernementale et par d’autres groupes parlementaires (indépendants et PT), a apporté de concert son soutien au gouvernement par un vote positif ou par l’abstention « .