Des étudiants dénoncent un décret transformant l’ingéniorat en licence La tutelle affirme que le diplôme d’ingénieur d’Etat est «toujours en vigueur»

Des étudiants dénoncent un décret transformant l’ingéniorat en licence La tutelle affirme que le diplôme d’ingénieur d’Etat est «toujours en vigueur»

Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a affirmé, hier, que le diplôme d’ingénieur d’Etat sanctionnant la formation des étudiants des écoles nationales supérieures «est toujours en vigueur».

«Concernant les préoccupations exprimées par les étudiants au sujet du diplôme sanctionnant leur formation d’ingénieur, le ministère tient à démentir formellement les rumeurs et allégations autour de la suppression du diplôme d’ingénieur d’Etat et affirme que ce diplôme est toujours en vigueur», a indiqué le ministère dans un communiqué après avoir reçu des représentants des écoles nationales supérieures.

Le ministère a tenu à rassurer les étudiants concernés qu’il «œuvre à la valorisation du diplôme d’ingénieur d’Etat décerné par les écoles nationales supérieures et veille à l’amélioration de l’employabilité des ingénieurs et à la promotion de leur statut socioprofessionnel dans le cadre du développement économique et social du pays».

Il a rappelé, par ailleurs, que les titulaires de ce diplôme «ont la possibilité, dans le respect de la réglementation en vigueur, de poursuivre des études en vue de la préparation d’un doctorat». Les étudiants des grandes écoles à Alger étaient, en effet, hors d’eux. Ils ont manifesté leur colère, hier, devant le siège du ministère de l’Enseignement

supérieur et de la Recherche scientifique, à Ben Aknoun. Ils demandaient à voir le ministre, Rachid Harraoubia, en personne. «On demande le ministre […] On demande Harraoubia», lançaient-ils à l’adresse des agents de sécurité soutenus par des policiers, déployés en grand nombre le long du chemin qui mène au siège du ministère.A l’origine de cette manifestation estudiantine, le décret présidentiel n° 10-315 du 13 décembre 2010 modifiant et complétant le décret présidentiel n° 07-304 du 29 septembre 2007, fixant la grille indiciaire des traitements et le régime indemnitaire des fonctionnaires. Ce décret, dont ils viennent juste de prendre connaissance – il y a moins d’une semaine – classe l’ingénieur d’Etat à la catégorie 13, alors qu’il était à la 15. Tout le statut change, estiment-ils. C’est le choc. Tous considèrent avoir été discrédités et dévalorisés par ce nouveau décret.

«Diplôme d’ingénieur dégradé […] Ingénieur oublié […] Mon diplôme, c’est ma vie. Je vous demande de le respecter», scandaient les manifestants. Un groupe de cinq étudiants est invité par des responsables du ministère, mais cela ne semble pas être du goût de tous. «Nous ne voulons pas de délégués. Ils vont les manipuler», s’écrient les étudiants de l’ENPS. Leurs camarades de l’ESI ne sont pas du même avis et soutiennent donc la démarche de leurs délégués. Mais, précisent-ils, «pas pour négocier». «Nous ne sommes pas venus pour négocier. Il n’y a rien à négocier […] Nous demandons l’annulation du décret. C’est non négociable», insistaient-ils. Les étudiants revendiquent ainsi l’annulation du décret, le classement à la catégorie 15 et le maintien de leur titre d’ingénieur d’Etat, avec tout ce que cela a comme avantages : accès aux écoles doctorales, bourse à l’étranger, etc. «Nous ne les laisserons pas faire passer leurs projets à notre détriment», lancent deux étudiants de l’Ecole nationale des travaux publics (ENTP).

Par projets, ils entendent dire, entre autres, le système LMD qui, selon eux, a échoué : «Ils veulent montrer que le LMD a réussi à l’université algérienne. C’est faux […] Et qu’ils n’essaient surtout pas de faire cela à notre détriment ! Ça ne marchera pas.» Un autre étudiant affirme qu’il y a de la manipulation et qu’il en est bien conscient : «Il y a de la manipulation, nous le savons. Tous ces mouvements de colère qui s’annoncent dans les entreprises […] Les manifestations dans les pays arabes […], mais nous ne pourrons rien faire d’autre. C’est à eux d’éviter le pourrissement de la situation.»