Le drame de la cité universitaire Bakhti-Abdelmadjid de Tlemcen continue de susciter questionnements et réprobation sur les défaillances de la gestion confiée pourtant à des fonctionnaires ayant de nombreuses années d’expérience mais qui, semble-t-il, n’ont pas été à la hauteur de la mission de bonne intendance qui leur a été confiée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
Selon de nombreux étudiants, la fuite de gaz leur a été signalée à plusieurs reprises sans que des mesures appropriées soient décidées pour écarter toute menace grave inhérente au danger d’explosion. Malheureusement, l’accumulation du gaz en question dans les conduites enfouies sous terre a fini par exploser au moment fatidique, c’est-à-dire lorsque les étudiants de l’école nationale préparatoire des sciences économiques, commerciales et de gestion, issus en totalité des wilayas de l’Est, devisant joyeusement, étaient attablés au réfectoire. Lundi, en apprenant que l’étudiant Massinissa Hamouche, 20 ans, annoncé par l’hôpital sorti de son coma, est finalement décédé portant à huit le nombre de victimes et 38 blessés (la plupart ont quitté l’hôpital).
Les étudiants des différentes facultés ont manifesté à travers les principales artères de Tlemcen pour, d’une part, manifester leur solidarité avec leurs camarades encore hospitalisés dont trois sont dans un état grave et qui devraient être pris en charge dans un centre sanitaire spécialisé à l’étranger, et, d’autre part, exiger que toute la lumière soit faite sur cette tragédie afin que les responsables directement impliqués dans cette négligence soient jugés et sévèrement punis. Brandissant des pancartes sur lesquelles ont pouvait notamment lire “les fautifs doivent payer”, “justice doit être faite”, le cortège formé de plusieurs centaines d’étudiants et d’étudiantes a défilé dans le calme observant une halte devant le siège de la wilaya et du centre hospitalo-universitaire, sous l’œil attentif d’un important service de sécurité déployé pour la circonstance qui a dévié la circulation des véhicules et pris les dispositions nécessaires pour que cette manifestation ne dégénère pas ou ne fasse l’objet d’une manipulation par quelque partie que ce soit.
Dans un communiqué diffusé par l’Union nationale des étudiants algériens, il est souligné dans le texte que “malgré les rapports adressés à qui de droit faisant état du dégagement des odeurs de gaz dans ce réfectoire et la mauvaise gestion au niveau de plusieurs cités universitaires, aucun responsable n’a agi, ce qui s’est traduit par ce drame impardonnable. Nous exigeons que de sévères sanctions soient prises à l’encontre des auteurs de ces négligences”. Trois ministres, les directeurs généraux de la Sûreté nationale, de la Protection civile et le secrétaire général du ministère de l’Enseignement supérieur se sont rendus à Tlemcen pour manifester leur compassion avec les étudiants et les assurer que toutes les mesures seront prises pour éviter à l’avenir un tel drame. À ce propos, il a été décidé de transférer l’ensemble des étudiants hébergés à la cité universitaire Bakhti-Abdelmadjid vers un autre centre et engager sur le budget de l’État une importante opération de réhabilitation et de modernisation de l’infrastructure qui date de presque 40 ans. De même, le conseil scientifique auquel ont été associés pour la première fois les représentants des étudiants s’est réuni lundi pour décider du report pour la fin du mois de septembre des examens et concours de l’école nationale préparatoire des sciences économiques, commerciales et de gestion.
B. A