Des Espagnols se mobilisent contre l’expulsion d’un harraga qui se dit menacé de mort en Algérie

Des Espagnols se mobilisent contre l’expulsion d’un harraga qui se dit menacé de mort en Algérie
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Arrivé clandestinement en Espagne en 2008, Sid Ahmed Bouziane, un jeune algérien, risque d’être expulsé vers l’Algérie après que le ministère de l’Intérieur espagnol a rejeté mardi 9 août sa demande d’asile politique. Des Espagnols, particulièrement le fameux mouvement des indignés M-15, se solidarisent avec lui et craignent pour sa vie s’il venait à être refoulé dans son pays natal. Le jeune algérien dont quatre frères ont été tués au maquis affirme avoir été emprisonné et approché par les services pour devenir un informateur

En 2008, à bord d’un bateau, Sid Hamed Bouziane quitte clandestinement l’Algérie en direction d’Espagne. C’est à Cordoue, au Sud de l’Espagne, qu’il a élu domicile. Sur place, il fera la connaissance de Candela, devenue sa fiancée.

Fin juillet dernier, alors qu’il s’apprêtait à préparer des documents administratifs afin de se marier, la police espagnole l’intercepte à la sortie d’un salon pour motif de séjour irrégulier.

Le lendemain de son arrestation, cet algérien de 28 ans est transféré au centre de rétention pour les migrants clandestins de Malaga, à 620 Km au sud de Madrid, dans l’attente de son expulsion.

LG Algérie

Demande d’asile rejetée

Sa demande d’asile politique a été rejeté mardi 9 août par les services du ministère de l’Intérieur espagnol, selon le Mouvement des indignés de Malaga 15-M. Dans son motif de rejet de la demande formulée par Jose Cosin, avocat de Bouziane, les services du ministère de l’Intérieur espagnol constatent que cette demande constitue une «absence relative de la logique et donc aucune apparence de probabilité », rapporte le mouvement 15-M de Malaga sur son site web (malaga.tomalaplaza.ne).

Mercredi 10 août, Jose Cosin explique lors d’une conférence de presse que Bouziane, bien qu’il ne parle pas couramment l’espagnol, n’a pas eu droit à un traducteur lors de son exposé des faits. La résolution du ministère de l’Intérieur, selon lui, viole la directive 85/2005 du statut de réfugié de l’UE (relative aux procédures d’asile).

Il souligne également que son client n’avait pas demandé l’asile politique au cours de son séjour en Espagne par crainte de représailles qu’elles (autorités sécuritaires algériennes, ndlr) pourraient faire subir à sa mère et à six sœurs qui vivent sous la menace de mort en Algérie. Quatre de ses frères qui activaient dans des groupes terroristes ont été tués.

Les services algériens auraient tenté de retourner en prison

Jose Cosin révèle que son client a été approché en 2000, 2006 et 2008 afin d’infiltrer une organisation terroriste. Selon lui, son mandant cherchant à vivre en paix dans son pays, a toujours refusé l’offre des autorités algériennes. Après le dernier contact, Sid Ahmed a été emprisonné et obligé à signer le contrat pour devenir informateur.

Candela Pura Mayorgas, fiancée de Sid Ahmed, souligne le caractère pacifique de son fiancé, qui n’a jamais voulu être un «mouchard» ou incorporé dans une cellule terroriste. « Il a signé parce qu’il était emprisonné, explique-t-elle. Il a été forcé. Quand il est sorti de prison, il a quitté l’Algérie parce qu’il ne voulait pas faire ce que sa conscience lui interdisait de faire. »

S’il est expulsé il sera condamné

« Bouziane est un cas spécial et son expulsion pourrait signifier une condamnation à mort de facto. Il est sérieusement menacée en Algérie», avance Malaga 15-M dans un appel à la solidarité posté mercredi 10 août sur le site madrilonia.org. Pour le mouvement 15-M de Malaga, Bouziane est considéré, depuis qu’il a quitté l’Algérie, « comme un fugitif par le gouvernement et, éventuellement, un traître à l’armée.»

Empêcher l’expulsion de Sid Ahmed

Depuis dimanche denier, c’est la troisième fois que la police espagnole charge les manifestants devant l’entrée du centre de rétention des immigrants, situé dans la Plaza de Capucins, selon ce mouvement. Ces indignés espagnols du 15-M y venaient pour tenter pacifiquement d’empêcher l’expulsion imminente de Bouziane.

Un sit-in de solidarité est prévu dans cette ville jeudi 11 aout « pour demander au ministère de l’Intérieur de ré- examiner la demande d’asile de Bouzaine » ainsi que « la fermeture immédiate » de certains centres de retention pour étrangers dont les conditions sont jugées inhumaines.

Deux associations espagnoles de défense des droits de l’homme se sont plaintes ces dernières années des dures conditions de vie dans le centre d’internement de Malaga, une infrastructure conçue pour la détention des immigrés clandestins en attendant leur expulsion dans un délai maximum de 60 jours.