Ayant fait couler beaucoup d’encre en 2010, la problématique des voyages des chercheurs algériens à l’étranger interdits pour préserver «les intérêts nationaux» refait surface cette année sous d’autres aspects.
Il s’agit cette fois d’un groupe d’enseignants candidats aux bourses résidentielles de long séjour à l’étranger pour finalisation de thèse, suivant leur cursus en «sciences de l’information et de la communication», dont les dossiers ont été rejetés. Ils accusent la commission qui a expertisé leurs projets de thèse de «mépris» et tiennent aujourd’hui un sit-in devant le ministère de tutelle.
«Nous comptons même durcir le ton et aller vers une grève de la faim au cas où nos doléances ne sont pas prises en compte», dira l’une des «victimes» dans une déclaration au Temps d’Algérie. En signe de solidarité, ces 5 enseignants-chercheurs qui ont déjà tenu un sit-in lundi passé seront soutenus par leurs pairs lors de cette deuxième action de contestation.
Notre interlocuteur explique les faits qui les ont poussés à user de cette voie de recours pour réclamer leurs droits : «Nous sommes 5 candidats tous inscrits en sciences de l’information et de la communication qui exerçons dans différentes universités du pays (Alger 3, Médéa, Saïda, Khemis Miliana…). Nos dossiers entrent dans le cadre du projet du président de la République qui accorde chaque année 500 bourses au profit d’enseignants remplissant un certain nombre de conditions.
Nous avons passé avec succès toutes les étapes et nos dossiers aussi bien scientifiques qu’administratifs ont été acceptés après plusieurs étapes de sélection», explique notre interlocuteur, tout en s’étonnant qu’ils soient rejetés «à la dernière étape», c’est-à-dire au niveau de l’entretien qui a eu lieu le 8 mai dernier. «Aucun dossier n’a été rejeté à ce stade», explique-t-il, tout en s’interrogeant sur les intentions de l’expert examinateur Fouad Bouguetta, doyen de l’université de Annaba, qui rejette selon lui sans motif leur dossiers.
Dans une lettre adressée à la tutelle, ces enseignants relèvent que «le jury de l’expertise est composé de membres issus de disciplines ne relevant pas du même champ de recherche», ajoutant qu’il leur a été signifié qu’ils étaient encore jeunes et qu’ils pouvaient attendre l’année prochaine.
«Depuis quand être jeune est un facteur bloquant ?» s’interrogent-ils. Du côté du ministère saisi à cet effet, l’on relève des carences comme «l’absence de démarche méthodologique claire», «des objectifs de recherche pas clairs» ou encore «la méconnaissance de la littérature récente relative aux thèmes choisis». «Nos dossiers sont acceptés par les universités étrangères», s’étonne notre interlocuteur, affirmant que ces enseignants sont déterminés à aller jusqu’au bout. Affaire à suivre.
S. M.