Des émeutes ont fait plusieurs blessés parmi les belligérant: Alger : nuit de violences à Birtouta

Des émeutes ont fait plusieurs blessés parmi les belligérant: Alger : nuit de violences à Birtouta

À l’instar des nouvelles cités inaugurées dans le Grand-Alger où les habitants, nouveaux et anciens, ont du mal à cohabiter, celle de Sidi M’hamed, à Birtouta, n’a pas dérogé à la règle. La violence a été au rendez-vous dans la nuit de vendredi à samedi, avec son lot de blessés et d’arrestations. Hier, un climat de tension régnait encore sur les lieux.

La cité 1 194-Logements de Sidi M’hamed, relevant de la localité de Birtouta, au sud de la capitale, a été le théâtre, dans la nuit de vendredi à samedi, d’affrontements entre les jeunes du quartier. Selon des témoignages recueillis sur les lieux, tout a commencé, tard dans la nuit, quand une vingtaine de jeunes, issus de l’ex-bidonville El-Kerouche (Reghaïa), ont provoqué leurs belligérants, issus, eux, de Kouba. Après des échanges verbaux, les deux antagonistes passent à l’action et s’accrochent à coups de bâton et de barre de fer.

Les nombreux jeunes venus d’El-Kerouche cernent les bâtiments de leurs adversaires et s’attaquent aux habitants avec une rare violence. Selon les habitants rencontrés, il y aurait plusieurs blessés légers des deux côtés, d’autant que certains jeunes avaient utilisé des sabres, des couteaux et des haches. Alertés, les services de la Gendarmerie nationale mobilisent des escadrons d’intervention, des unités de sécurité et d’intervention (SSI) et toutes les brigades de la localité.

Hier, à notre arrivée, les deux bâtiments où résident les jeunes auteurs présumés ont été encerclés par les membres du service d’ordre qui opéraient des interpellations. Selon le président de l’Assemblée populaire communale (P/APC) de Birtouta, Lyes Hamdane, “les habitants de la cité ont appelé au calme et des dizaines de jeunes sont mobilisés pour nettoyer les lieux. Il y a un retour graduel au calme et on espère que tous les habitants de la cité s’impliqueront pour que leurs enfants cohabitent dans la sérénité”.

Un père de famille, la cinquantaine, témoigne : “Ce sont la drogue, l’insécurité, l’absence d’infrastructures de détente et de loisirs qui poussent nos jeunes à se bagarrer violemment. Certains jeunes impliqués ignorent les retombées de ces émeutes. Nous n’avons même pas un poste de police ou de gendarmerie pour dissuader les jeunes tentés par ce genre de comportement. On aurait pu éviter tout cela, mais nous sommes, malheureusement, devant le fait accompli.”

Arezki, son voisin, estime qu’“il est temps que nos jeunes apprennent à vivre ensemble. Il n’est pas normal que des jeunes se déshabillent devant des familles et menacent leurs enfants. Il nous arrive d’interpeller leurs parents. Ces derniers jouent la carte de l’apaisement, mais leurs enfants récidivent. Avant-hier, ils jouaient au billard à 2h du matin en tenant des propos obscènes. C’est insoutenable. Ils le font devant nos bâtiments, loin des regards de leurs parents !”. Au moment où notre interlocuteur décrivait l’enfer nocturne que vivent, au quotidien, les habitants de Sidi M’hamed, les unités des SSI interpellent quatre auteurs présumés.

Sous le regard des parents et des habitants, ils sont conduits vers les brigades locales pour leur mise en examen. Les autres, environ une vingtaine, se sont retranchés dans deux bâtiments et sont encerclés par les unités d’intervention. Il est 11h30, alors que les négociations vont bon train pour convaincre ces jeunes à se rendre aux forces de l’ordre, un rideau, dans un balcon, prend feu. La panique s’empare des habitants. Plus de peur que de mal, l’incendie, déclenché accidentellement, est vite circonscrit par les habitants. À la grande placette de la cité, le commandant de la compagnie de Birtouta tente, tant bien que mal, de calmer les esprits. Un vieillard s’invite à la discussion et accroche les jeunes en colère.

“C’est votre cité ! on l’a appelé la cité Verte et vous avez toutes les commodités pour vivre en paix. Arrêtez les dégâts et faites preuve de sagesse. Arrêtez vos bagarres et retroussez vos manches pour aller au travail et non en prison”, clamait cet homme qui a réussi à attirer l’attention des habitants. Un autre habitant s’insurge : “On a tout fait pour baisser la tension qui a régné durant toute la nuit. Ce matin, à notre surprise, alors qu’on nettoyait la cité, une dizaine de jeunes récidivent, armes blanches à la main.”

Et de s’interroger : “Jusqu’à quand ? Aujourd’hui, les gendarmes sont là pour rétablir l’ordre. Et demain ? Car c’est devenu récurrent et nous avons l’impression que les Algériens se détestent à mort pour s’entretuer. Cette cité a été inaugurée il y a seulement un an. Nous sommes appelés à vivre ensemble le reste de notre vie. Sincèrement, j’ai peur pour mes enfants.” Il est 13h30, nous quittons la cité de Sidi M’hamed. Les arrestations se poursuivent. La tension est vive.