Une base militaire de l’Africom sera installée au Niger et accueillera plus de 300 militaires américains.
L’Afrique du Nord sous haute surveillance. L’oeil du Pentagone sera désormais braqué sur cette région d’Afrique. Des drones Predator non armés seront chargés d’effectuer des missions de surveillance dans la région «afin de combler le manque d’informations plus détaillées sur un certain nombre de menaces régionales dont celles relatives aux groupes terroristes activant dans le nord du Mali et au flux de combattants et d’armes en provenance de Libye». Cette information a été rapportée avant-hier, par le quotidien américain New York Times.
L’Africom envisagerait l’établissement d’une base de drones au nord-ouest de l’Afrique afin d’accroître les missions de surveillance des groupes extrémistes de la région a ajouté le même journal.
Citant des responsables militaires américains, le quotidien new-yorkais précise qu’il s’agirait d’une base de drones de surveillance non armés tout en n’excluant pas le recours à des tirs de missiles «en cas d’aggravation de la menace». Après des années de tergiversations, le Commandement américain pour l’Afrique (Africom) a finalement un pied en terre d’Afrique. En cas d’approbation de ce projet, l’emplacement le plus probable serait au Niger que le chef de l’Africom, le général Carter Ham, a visité récemment et qui serait en discussions pour d’autres options avec des pays de la région, dont le Burkina Faso, selon les mêmes responsables. Les responsables de cet organisme, qui ont longtemps clamé qu’ils n’ont pas l’intention de s’installer dans le continent noir, viennent de changer d’avis à la faveur de la guerre contre Al Qaîda que mène la France au Mali.
«Cela est directement lié à l’intervention militaire au Mali, mais il pourrait aussi donner à l’Africom une présence plus durable pour les missions de renseignement, de surveillance et de reconnaissance (ISR)», avancent-ils. A ce propos, certains spécialistes américains des affaires africaines ont exprimé leur crainte quant à la mise en place d’une base de drones au Niger ou dans un pays voisin, même si ce n’est que pour effectuer des missions de surveillance.
Selon eux, un tel projet pourrait s’aliéner la population locale en associant ces drones aux attaques meurtrières au Pakistan, au Yémen et en Somalie. Ce projet a été initié par le président George W.Bush. La création de l’Africom (United States Africa Command) remonte à octobre 2007 mais en réalité il découle d’une démarche antérieure qui remonte à 1993 et qui a pour nom: la politique africaine des Etats-Unis. Avec l’apparition de la menace terroriste, un grand enjeu stratégique s’est greffé aux objectifs de l’Africom. Sa création a été suivie d’une grande polémique tant les véritables intentions américaines en Afrique ne sont pas connues. Au premier degré, les observateurs estiment que le premier objectif des USA est d’établir une base militaire sur le continent africain.
Les officiels américains ont trouvé toutes les peines du monde à convaincre les Africains que le siège de l’Africom restera toujours en Allemagne et qu’ils n’ont pas l’intention d’installer des bases militaires en Afrique. Outre la base permanente de l’armée américaine à Djibouti, une nouvelle base de drones en Afrique du Nord se joindrait à de petites bases aériennes installées ces dernières années sur le continent, notamment en Ethiopie, pour des missions de surveillance opérées par des drones ou des avions à turbopropulseurs conçus pour ressembler à des avions civils, précise-t-il encore. Ce projet doit encore être approuvé par le Pentagone et, éventuellement, par la Maison-Blanche, ainsi que par le gouvernement nigérien, selon la même source, rappelant que le président nigérien, Mahamadou Issoufou, a exprimé récemment sa volonté de mettre en place ce qu’il a appelé «une relation stratégique à long terme avec les Etats-Unis». Les responsables militaires américains ont déclaré qu’ils travaillaient encore sur quelques détails de ce projet et qu’aucune décision définitive n’a encore été prise. Mais le plan pourrait faire face à la résistance de certains responsables à la Maison-Blanche qui sont réticents à engager des forces américaines supplémentaires en Afrique du Nord. Si ce projet est approuvé, la base pourrait accueillir plus de 300 militaires et contractuels américains.