D’après l’hebdomadaire français Le Canard Enchaîné, qui cite une source de la Direction du renseignement militaire français (DRM), le riche émirat gazier du Qatar financerait les groupes islamistes qui ont pris le contrôle du Nord-Mali.
Le Qatar, « ami » de la France, mais pas seulement… Dans son édition du mercredi 6 juin, le Canard Enchaîné, hebdomadaire satirique français, affirme que l’émirat du Qatar serait un soutien financier de poids pour les différents groupes islamistes qui ont pris le contrôle de l’Azawad au mois de mars dernier.
L’article, intitulé « « Notre ami du Qatar » finance les islamistes du Mali », indique que la Direction du renseignement militaire (DRM, qui dépend du chef d’état-major des armées françaises) a recueilli des renseignements selon lesquels « les insurgés du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA indépendantiste et laïc), les mouvements Ansar Eddine, Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest (Mujao) ont reçu une aide en dollars du Qatar ». Le montant de cette aide financière n’est toutefois pas précisée.
Dans son édition du 26 mars dernier, le Canard avait déjà cité des accusations sembables portées par des services de renseignement français contre le petit émirat gazier. Le journal satirique affirme aussi que les responsables français, au premier rang desquels le nouveau ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian, n’ignorent rien de la stratégie qatarie au Mali. Au début de l’année, la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) aurait transmis plusieurs notes à l’Élysée, informant la présidence des « activités internationales » du Qatar. Apparemment sans grand effet, le prince Hamad Ben Khalifa al-Thani étant un grand allié de l’ancien président français Nicolas Sarkozy.
Tensions entre Alger et Doha
D’après les analystes de la DRM, le Nord-Mali serait par ailleurs devenu un « immense sanctuaire terroriste ». Des Nigérians de la secte nigériane Boko Haram et des instructeurs pakistanais fraîchement débarqués de Somalie y seraient présents. Ces différents groupes armés vadrouilleraient dans la région, aux frontières du Niger, du Burkina-Faso et de l’Algérie.
Déjà tendues depuis le début des révolutions arabes, les relations entre Alger et Doha ne risquent pas de s’améliorer avec la publication de ces nouvelles allégations. Pour rappel, sept diplomates algériens, capturés à Gao le 5 avril, sont toujours aux mains des djihadistes du Mujao. À cela s’ajoute une concurrence féroce autour du pétrole sahélien. Grand producteur d’hydrocarbures, l’Algérie voit d’un très mauvais oeil les prétentions présumées du petit émirat qatari sur l’or noir du Sahel.