Des dizaines de véhicules dont un nombre est équipé de mitrailleuses lourdes, appartenant à la katibat (phalange) El Mouwakaoune Bidame (les signataires par le sang), créée récemment par Mokhtar Belmokhtar, alias Khaled Abou El Abbès, alias Belaouer, et du Mouvement pour l’unité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), sont stationnés à environ 14 kilomètres de Bordj Badji Mokhtar, dans le Sud algérien.
L’important convoi s’est positionné lundi à El Khalil, première agglomération du nord du Mali au-delà des frontières algériennes, selon une source locale. Cette ville, note-t-on, est désertée depuis l’éclatement des combats il y a près d’une année entre Aqmi, le Mujao, Ançar Eddine et le MNLA contre l’armée malienne qui avait fini par capituler et quitter le nord du Mali. El Khalil est devenue, par la suite, une ville fantôme. Les traces de combats y sont toujours apparentes avec des façades et des murs criblés de balles. La population locale avait quitté les lieux, fuyant les affrontements armés.
C’est donc une agglomération vidée de sa population qui a été investie par Khaled Abou El Abbès et le Mujao, à environ 14 kilomètres de Bordj Badji Mokhtar.
Un média proche d’Aqmi et du Mujao attribue cette mobilisation de la phalange nouvellement créée par Khaled Abou
El Abbès, et d’une autre phalange du Mujao, à «une chasse faite par les moudjahidine contre un convoi de 45 véhicules transportant de la drogue destinée à être acheminée vers l’Algérie».
Une source locale fait état de l’interception par les deux phalanges de véhicules appartenant au mouvement Ançar Eddine, d’autres à Ançar Echaria (les partisans de la loi musulmane) et de particuliers parmi ceux interceptés par Khaled Abou El Abbès et ses alliés du Mujao.
Les «émirs» des deux phalanges ont annoncé que les véhicules d’Ançar Eddine et de ceux qui ne sont pas impliqués dans ce trafic de drogue seront restitués à leurs propriétaires. «Ce qui prouve que l’interception de véhicules a été faite de façon anarchique», selon une source locale. Des renforts sont arrivés sur les lieux pour renforcer les effectifs de la phalange de Belaouar et du Mujao, à 14 kilomètres des frontières algériennes, ajoute une source locale.
Objectif : intercepter les produits alimentaires destinés aux populations du nord du Mali
La source établit un lien entre ce déploiement et l’installation des deux phalanges près des frontières algériennes par «une volonté de faire main basse sur le trafic de carburant, stratégique pour Aqmi et le Mujao pour leurs déplacements dans le grand désert, et intercepter les produits alimentaires transitant par ces lieux et destinés aux populations du nord du Mali».
D’aucuns s’attendent à une montée vertigineuse des prix des produits essentiels au nord du Mali, pénalisant lourdement les populations de cette partie du territoire malien, avec ce déploiement et l’installation des phalanges de Belaouar et du Mujao, surtout que, ajoute une source locale, le plus gros des matières premières et produits de première nécessité transite par ces lieux.
La relation entre narcotrafic et terrorisme, notamment au nord du Mali, étant largement établie, des observateurs voient en cette affaire de «cargaison de drogue» une probable «mise en scène» de Khaled Belaouar et du Mujao pour s’installer avec des dizaines de véhicules équipés de mitrailleuses lourdes près des frontières algériennes.
Ce déploiement et cette installation des deux phalanges avec interception de quelques véhicules d’Ançar Eddine interviennent, rappelle-t-on, quelques jours après la signature, à Alger, d’un accord de partenariat entre ce mouvement et le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).
Parmi les engagements faits par ces deux mouvements, dans le cadre de cet accord, la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Ce qui n’écarte pas l’hypothèse selon laquelle, par cette manœuvre, Khaled Abou El Abbès et le Mujao tentent de provoquer Ançar Eddine en interceptant ses véhicules et en agissant dans son fief.
M. A.
