Deux ans après la chute du régime de Kaddafi, la situation en Libye est toujours en effervescence. Au lendemain des violences meurtrières qui ont fait plus de 40 morts et 450 blessés, selon le gouvernement, de nouveaux affrontements entre groupes armés ont eu lieu hier dans la banlieue de Tripoli.
Les heurts ont opposé des Tripolitains à des miliciens venus de Misrata venger leurs camarades après l’incendie de leur QG avant-hier, selon des témoins et le gouvernement.
Les violences ont éclaté après qu’une milice positionnée dans le quartier de Gharghour a tiré sur des manifestants pacifiques venus réclamer son départ de la capitale.
En début d’après-midi, une colonne de véhicules armés venus de Misrata, à environ 200 km à l’est de Tripoli, tentait d’avancer vers la capitale, donnant lieu à des affrontements dans la banlieue est de la ville. Le Premier ministre Ali Zeidan a confirmé ces affrontements et a appelé «à la retenue et à l’arrêt des combats».
«La situation se compliquera davantage si d’autres groupes armés entrent dans la capitale», a averti le Premier ministre. «Les prochaines heures et jours seront décisifs dans l’histoire de la Libye et dans la réussite de sa révolution», a-t-il insisté.
Les violences qui ont éclaté vendredi à Tripoli après qu’une manifestation pacifique contre la présence de ces milices a dégénéré en combats armés, ont fait plus de 40 morts et 400 blessés, a annoncé par ailleurs le gouvernement libyen, précisant que le bilan risquait de s’alourdir.
En représailles, des hommes armés ont brièvement délogé cette milice de son QG, au prix d’affrontements meurtriers, et ont en partie incendié les lieux.
APPEL DU GOUVERNEMENT À UN CESSEZ-LE-FEU
Le gouvernement a appelé à un cessez-le-feu entre ces groupes armés créés lors de la révolte contre le régime de Maammar Kaddafi en 2011 et qui échappent au contrôle des autorités.
Dans un communiqué, le Premier ministre Ali Zeidan a affirmé dans la soirée que «la manifestation était pacifique et avait essuyé des tirs quand elle est entrée à Gharghour». Les imams de la ville avaient appelé dans leurs prêches du vendredi les Tripolitains à manifester contre les milices, accusés par la population de s’adonner à toutes sortes de trafics et de pratiquer tortures, enlèvements et détentions arbitraires au secret.
L’ONU CONDAMNE ET APPELLE À LA CESSATION IMMÉDIATE DES VIOLENCES À TRIPOLI
La mission de l’ONU en Libye (Unsmil) a condamné fermement hier les violences meurtrières ayant eu lieu la veille à Tripoli, appelant à la cessation immédiate des hostilités.
«L’Unsmil condamne fermement la violence qui a eu lieu vendredi à Tripoli, entraînant la perte tragique de vies humaines parmi les civils, et appelle à la cessation immédiate des hostilités», a indiqué la mission de l’ONU dans un communiqué.
Les violences qui ont éclaté vendredi à Tripoli après qu’une manifestation pacifique contre la présence des milices armées a dégénéré en combats armés, ont fait plus de 40 morts et 400 blessés, a annoncé samedi le gouvernement libyen.
«La Mission affirme le droit de manifester pacifiquement et le droit des peuples à exprimer librement leurs opinions, soulignant que les attaques contre les civils et la mise en danger de leur vie sont des actes qui sont totalement rejetés», poursuit le communiqué.
Elle appelle à «soutenir les efforts déployés par les autorités pour rétablir le calme, arrêter l’effusion de sang et assurer la sécurité et la stabilité pour tous les Libyens». L’Unsmil exhorte enfin «les Libyens à faire preuve de retenue» et à recourir à «des moyens pacifiques pour résoudre leurs différends».
Dimanche dernier, le Premier ministre Ali Zeidan avait averti les Libyens contre une éventuelle intervention de forces d’occupation étrangères si l’anarchie persistait dans le pays, souhaitant recueillir l’adhésion de la population à sa cause face à la toute puissance des milices armées.
A.H.