On se demande où trouver les ressources financières pour des dépenses supplémentaires en ces moments de crise aiguë. Mais un pouvoir qui ne s’entoure pas de mystère perd de sa magie.
En affirmant, il y a deux années, qu’il n’y aura pas de gel de recrutements dans certains secteurs stratégiques, le gouvernement a-t-il tenu ses promesses ou alors est-ce au moment de sa mort que le cygne chante? Tous les indicateurs financiers et économiques sont au rouge. Alors que les prix du baril de pétrole plongent inexorablement entraînant un grave déficit des recettes en devises, alors que nos réserves de changes fondent comme neige au soleil et que la monnaie algérienne a atteint son plus bas niveau face aux devises étrangères, c’est en ce moment précis que le gouvernement annonce des recrutements par dizaines de milliers dans la Fonction publique.
Il en est ainsi de l’Education nationale, la santé, la formation professionnelle et l’enseignement supérieur dont les postes de recrutement seront annoncés vers le mois de mai prochain une fois que les universités auront exprimé leurs besoins. Les collectivités locales ne sont pas en reste.
Des milliers de postes seront ouverts dans le cadre de la nouvelle organisation administrative décidée par le président Bouteflika. Une décision qui vise à rapprocher le pouvoir décisionnel du citoyen, à créer plus de fluidité dans les administrations locales, mais cette décision appelle à la création de postes d’emploi. A ceux-là s’ajoute le nombre de recrutements au niveau des services de sécurité.
A ce niveau, il faut dire que le gouvernement ne peut pas faire l’économie de cette dépense. La sécurité n’a pas de prix. Tout comme la santé d’ailleurs où des annonces de recrutements ont lieu au niveau du corps paramédical, le tendon d’Achille du secteur de Boudiaf.
En somme, des secteurs stratégiques et on croit savoir que plusieurs administrations ont été destinataires de notes les incitant à ouvrir les concours de recrutement au plus tard en mars pour permettre aux candidats retenus de rejoindre leurs postes dès la rentrée sociale prochaine.
Pour ne citer que l’Education nationale, au moins 19.000 enseignants seront recrutés. La ministre Nouria Benghebrit a confirmé, cette semaine, que le concours de recrutement des enseignants sera organisé fin mars prochain, soulignant que son département attendait toujours la réponse de la direction générale de la Fonction publique concernant le nombre de postes à pourvoir et les nouvelles spécialités.
Mme Benghebrit a rappelé que la nouveauté cette année est que «le candidat disposera d’une durée d’un mois pour se préparer au concours qui comportera deux épreuves, l’une écrite et l’autre orale, sous la supervision de l’Office national des examens et concours».
Ce sont autant de dépenses supplémentaires pour le pays en période de crise qui s’en va crescendo.
L’Exécutif a-t-il les moyens de sa politique de l’emploi? Où trouvera-t-il l’argent nécessaire pour garder ce rythme, surtout que les derniers chiffres de la Banque d’Algérie ne sont pas reluisants. Les réserves de changes ont diminué de 27 milliards de dollars, sans que pour autant, le gouvernement n’envisage de politique d’austérité.
«L’Algérie possède des réserves de changes qui lui permettent de couvrir 26 mois d’importations avec le rythme actuel, sans aucun problème», assure-t-on. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal et son grand argentier, Abderrahmane Benkhelfa, préfèrent parler de «rationalisation des dépenses» qui de l’avis du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, s’applique par le passage du développement à la croissance économique à travers l’ouverture de l’investissement aux secteurs productifs, mais cela ne signifie pas renoncer aux acquis sociaux.
En réalité, «la rationalisation des dépenses» est loin d’être une thérapie économique dans une conjoncture incertaine en période de crise, c’est à peine un élément de langage qui sert beaucoup plus une technique de communication dans ladite période.
C’est quand même une situation empreinte de mystère, notamment quand on se demande où trouver les ressources financières pour des dépenses supplémentaires en ces moments de crise aiguë. Mais un pouvoir qui ne s’entoure pas de mystère perd de sa magie