Des dizaines de cas de vente par désistement et de sous-location sont enregistrées quotidiennement Le logement social, un bon moyen de s’enrichir

Des dizaines de cas de vente par désistement et de sous-location sont enregistrées quotidiennement Le logement social, un bon moyen de s’enrichir
des-dizaines-de-cas-de-vente-par-desistement-et-de-sous-location-sont-enregistrees-quotidiennement-le-logement-social-un-bon-moyen-de-senrichir.jpg

Devant la cherté de l’immobilier et le manque de projet de réalisation des logements appuyés par l’Etat, les citoyens voulant acquérir un logement n’ont d’autres choix que d’opter pour la vente par le biais du désistement

En effet, plusieurs bénéficiaires de logements sociaux et LSP qui ne sont pas dans le besoin ou qui n’ont pas pu assurer les charges, exposent leurs habitations à la vente contre des prix remarquablement réduits par rapport à ceux des logements actés.

Cette situation a provoqué, d’ailleurs, une polémique au niveau de l’Office de la promotion et de la gestion immobilière (OPGI) qui a traduit en justice plusieurs dizaines de bénéficiaires de logements sociaux qui ont procédé à la vente ou la sous-location de leurs appartements.

Pour certains, cette pratique est un moyen de gain facile, des gens déposent de faux documents prétendant qu’ils sont dans le besoin, une fois le logement acquis ils le revendent à un prix variant entre 280 et 350 millions de centimes (F3) selon son emplacement. « Ces gens-là déboursent environs 20 millions pour acquérir un logement qui sera ensuite vendu à 15 ou 20 fois plus son prix », dira un habitant de hai El Yasmine.

CERTAINS VENDENT LEURS LOGEMENTS POUR REJOINDRE LES BIDONVILLES

Mais beaucoup de gens qui ont procédé à la vente ou à la sous-location de leurs logements sociaux l’ont fait par pur besoin. Certaines familles démunies n’arrivent pas à assurer le loyer mensuel même si ce dernier n’est qu’à 2.800 dinars pour les F3, en plus des charges de la consommation de l’eau et de l’énergie électrique qui dépassent parfois les 8.000 dinars par trimestre. Des charges qui ne sont pas à la portée de tout le monde.

« J’étais obligé de vendre mon appartement quelques mois seulement après mon relogement, je suis père de quatre enfants, j’ai aucun revenu à part les 6.000 dinars que me donne la direction de l’Action sociale contre des travaux de jardinage, mes charges mensuelles sont estimées à plus d’un million, comment voulez-vous que je puisse vivre dans ces conditions ? » S’interrogera un habitant de bidonville avant d’ajouter : « Je suis resté deux mois sans électricité car la Sonelgaz me l’a coupée pour non payement de facture, c’est pour cela que j’ai vendu mon appartement et acheté ce F2 dans ce bidonville.

Avec le reste de l’argent, j’ai pu acheté une voiture que j’utilise comme taxi, je n’ai pas de dettes et je vis a l’aise, avec le revenu de mon travail, j’espère acheter un jour, un autre appartement dans l’une des communes limitrophes où le logement est encore accessible », précisera notre interlocuteur.

Ce phénomène de vente par désistement ou de sous-location est devenu monnaie courante, plusieurs plaintes ont été dernièrement déposées par l’OPGI contre des bénéficiaires de logements sociaux qui ont vendu par désistement ou qui ont sous-loué leurs logements. En effet, pas moins de 13 bénéficiaires de logements sociaux au niveau de la cité 173 logements à Gdyel ont été poursuivis en justice, cette année, par l’OPGI, pour avoir vendu leurs logements sociaux par désistement.

La sous-location est, en effet, interdite par la loi et le décret 98-43 interdit toute vente par voie de désistement, à l’exception du père à ses enfants. L’OPGI, qui se constituera partie civile, demandera l’annulation pure et simple des contrats de location et la récupération de ces logements.

Les enquêtes menées par ses services interviennent suite aux instructions du ministère de l’Habitat qui a sollicité les OPGI, à travers le territoire national, pour le suivi des occupations des logements sociaux et la prise de mesures qui s’imposent pour l’annulation des contrats des bénéficiaires de logements sociaux qui ne les occupent pas, selon les termes de la loi en vigueur régissant ce type de logements.

Plusieurs mesures ont été prises pour lutter contre la vente illégale des biens de l’Etat. Parmi ces mesures, il y a lieu de citer le renouvellement des contrats de location. Les contrats de location des logements sociaux seront, désormais, d’une durée de trois années. Cette mesure va permettre d’identifier les clients légaux de l’OPGI.

Aussi, parmi les mesures visant à freiner la spéculation dans les logements sociaux, l’OPGI va astreindre les locateurs légaux à un cahier des charges, dont certaines clauses sont en mesure de limiter le champ de ces pratiques illégales. Les cités nouvellement réalisées à l’Est d’Oran sont le parfait exemple de cette gabegie qui profite à certains. Hai El Yasmine, En Nour, Akid Lotfi, Es Sabah, ont été réalisés à coups de milliards. Malheureusement, ces logements ne profitent pas à ceux qui en ont besoin.

LES ACHETEURS SONT PARFOIS VICTIMES

Cette pratique serait encouragée avec la complicité de certaines agences immobilières peu regardantes sur les droits lorsqu’il s’agit de faire des bénéfices. Cette méthode de transaction est ainsi à l’origine de plusieurs problèmes juridiques entre le vendeur et le client, certains clients ont été victimes d’escroquerie de certains acquéreurs de logements sociaux qui refusent de régulariser la procédure de la vente une fois l’acte de propriété délivré, certains demandent des rallonges de payement et d’autres demandent carrément la récupération de leurs biens.

« J’ai acheté un logement par désistement de quatrième main en payant 200 millions, après un an et demi je me suis rendu compte que ce dernier fait l’objet d’un contentieux, j’ai fini par être expulsé de ma maison et je dois suivre les procédures judiciaires très compliquées pour pouvoir peut être récupérer mon argent », dira un père de famille qui s’est trouvé dans la rue suite à une affaire d’escroquerie.

En effet, ce problème de logement ne cesse de créer la polémique en matière de prix qui ne cessent d’augmenter et des méthodes de transactions. Devant cette situation, l’Etat est appelé à réviser sa politique de logements et profiter de l’expérience européenne dans ce domaine en annulant les ventes et revenir vers le système de location appliqué dans le passé.

S.Anissa