Des détails qui pèsent lourds

Des détails qui pèsent lourds

L’Algérie a-t-elle les capacités d’organiser les méga-événements sportifs ? En plus de ses ressources financières et l’infrastructure, notre pays a-t-il en même temps les ressources humaines, les compétences ou les managers spécialistes dans la gestion et la maîtrise des spectacles sportifs de dimension internationale ?

Alors qu’elle fait tout pour arracher le privilège d’organiser la prochaine Coupe d’Afrique des nations, certains observateurs se posent la question de savoir si nos pouvoirs publics maîtrisent entièrement cet événement. Car, dans l’esprit de nos gouvernants, une compétition continentale est « légère », son « organisation est dans nos cordes ».



Dans notre inconscient collectif, nous avons les enceintes sportives, l’infrastructure hôtelière, les routes et les voies de communication moderne. Nous avons également les réseaux de télécommunication, l’internet mobile et le haut débit. Bref, nous avons tout pour tenir le coup, même sur le plan humain, nous ne manquons ni de cadres et du personnel, notamment au niveau de l’accueil et du sourire.

Chez nos dirigeants politiques, l’Algérie a organisé des tas d’événements d’envergure, des Jeux méditérranéens aux jeux panarabes, des Coupes d’Afrique du football aux championnats continentaux des sports collectifs. Ainsi, nous possédons l’expertise nécessaire et l’expérience dans le management de ce genre de spectacle.

Or, tout le monde, chez nos zélés hauts responsables, plus patriotiques que politiques, ne savent pas que les compétitions d’envergure sont devenues ne se contentent plus de sourire ou du nombre de lits. Toutes les agences de voyages et tourisme, celles qui ramènent les supporters des pays compétiteurs savent que notre pays souffre encore de carences et d’insuffisances sur de nombreux plans.

Bien sûr qu’on a des hôtels de haut standing, qu’on a des autoroutes, qu’on aura de beaux stades et de belles pelouses. Bien sûr, qu’on facilitera le travail des télés et stations radios privés et des grandes chaînes sportives, qu’on assurera leurs télédiffusion satellitaire, qu’on a la capacité de gérer ce genre de situation. Mais, alors que manque-t-on réellement ? « Des détails, Monsieur, des détails ! » pour reprendre la boutade d’un journaliste étranger, qui vient régulièrement dans notre pays. Et des détails qui sont de taille !.

En effet, notre pays accuse encore des retards considérables dans la modernisation bancaire. Nous ne pouvons pas assurer à des supporters étrangers, habitués à payer avec des cartes bancaires ou par internet, cette facilitation. Les cartes Visa international n’ont pas droit de cité, ce qui oblige ces milliers de potentiels touristes à venir avec des bons paquets de liasses pour payer leurs séjours.

D’ailleurs, il faudra rendra encore plus souple la juridiction douanière sur les transferts de devises sur notre sol. On voit mal comment un Sud-africain féru de foot ou un coach, chasseur de talents européen, venir avec des milliers de dollars ou d’euros dans leurs sacoches.

En plus du sous-développement de notre système monétique, notre pays accuse encore un autre retard sur le plan de l’internet haut débit. Tout le monde sait que sur ce plan, les africains, même de pays les moins avancés économiquement, nous dépassent largement.

Des pays qui ont complètement banalisé cette technologie, devenue pratiquement chose normale. Deux « détails » qui pèseront lourd face au Ghana et face au Gabon, nos concurrents directs dans le vote sur l’attribution de l’organisation de la Coupe d’Afrique.

Les grandes boîtes internationales, les agences de marketing et de la publicité, ainsi que les spécialistes du sponsoring et les représentants des multinationales savent très bien que ces deux détails sont déterminants dans le choix. Justement, ils n’en finissent pas de saper par leur lobbying les ambitions algériennes.