Sentant le président de l’Assemblée nationale plus puissant qu’on l’avait pressenti, et bien vivant et plus droit dans ses bottes que jamais, des députés FLN entrent depuis mardi après-midi dans le bureau de Bouhadja pour lui témoigner leur soutien et l’assurer de leur zèle. Donné pour mort, Bouhadja n’en est pas moins vivant, et mieux portant que de mesure, avec des soutiens aussi lourds que l’Organisation nationale des moudjahidine, l’Association des anciens condamnés à mort, les députés de l’opposition, et même, maintenant certains députés FLN. C’est Bouhadja lui-même qui donne à certains députés de l’opposition cette information, pour démontrer que les choses sont en train de se retourner en sa faveur.
Au moment où les groupes parlementaires donnaient l’image d’un bloc monolithique décidé à faire chuter de son perchoir Saïd Bouhadja, celui-ci les faisait tourner en dérision en contant à qui veut l’entendre que beaucoup d’entre eux se tiennent en file indienne pour venir lui présenter leurs « hommages du matin ». Maintenant, allez savoir de quoi cela retourne ! Chacun campe sur sa position et égrène les mérites et le bien-fondé de sa position, bloquant momentanément l’institution législative pour la troisième semaine de suite. Assistons-nous à une vague, dans l’un ou dans l’autre camp, de retournement de veste ? Il est trop tôt pour le dire. Mais une chose est certaine : personne ne maîtrise les cartes du jeu politique et tout le monde commence à douter de l’issue de ce curieux bras-de-fer, pratiquement inédit dans les annales parlementaires. Cette situation de « ni guerre, ni paix » ouvre les portes de la rumeur et aux supputations, déclenchant les mécanismes irréversibles du chahut parlementaire, où chaque député sera plus occupé à bouger en permanence pour préserver ses acquis et garder son siège à l’hémicycle qu’à se concentrer sur une position fixe et constante.
I.M. Amine