Pour acheter un ordinateur, un réfrigérateur, une chaîne hi-fi ou des meubles à crédit, ce sera à nouveau possible dès l’année prochaine mais seulement s’ils sont produits localement.
Exit donc les véhicules, toujours bannis de cette procédure. C’est que les orientations du gouvernement sont claire, à ce sujet.
Il n’est plus question de financer la création d’emplois dans les pays étrangers alors que des milliers de personnes sont au chômage en Algérie.
Le maintien de l’interdiction pour les banques d’octroyer des crédits aux particuliers dans l’objectif de l’achat de véhicules ne vise rien moins que l’encouragement des constructeurs à installer des usines en Algérie.
Ce n’est d’ailleurs pas la seule mesure prise dans ce sens. Depuis l’année dernière, il y avait déjà obligation pour les clients de s’acquitter d’une taxe pour l’achat de nouveaux véhicules.
Ces mesures contraignantes semblent avoir donné leurs fruits. Selon le ministre des Finances, Karim Djoudi, qui s’exprimait, il y a quelques jours devant la presse, certains constructeurs ont déjà émis le souhait de s’installer en Algérie non seulement pour le montage mais aussi pour la fabrication des véhicules.
Pour l’instant, on ne connaît pas l’identité des constructeurs intéressés par cette démarche.
On sait néanmoins que l’Iran, la Chine et la Corée sont sur les starting-block. Les Européens ont toujours hésité à s’associer à la stratégie de l’Algérie de semer les prémices d’une industrie automobile.
Les arguments sont multiples et variés. L’absence d’un réseau de sous-traitance est le premier obstacle évoqué par les constructeurs. Dans ce cas, la logique voudrait que tous les composants d’un véhicule soient importés.
Le résultat serait qu’il n’y aurait pas d’emplois locaux créés dans ce domaine. En outre, il y a de fortes chances pour que les chaînes de montage puissent donner lieu à des produits plus chers que ceux importés.
La difficulté pour les citoyens d’acquérir ce bien ne serait que plus grande. En visant l’objectif de création d’usines de fabrication, l’Etat n’est pas loin d’espérer en même temps une baisse de la facture des importations qui s’est élevée à 3,7 milliards de dollars en 2008.
Cet objectif s‘explique aisément lorsqu’on le replace dans son contexte. D’abord, ce n’est pas le seul bien dont la réduction des importations est ciblée puisque d’autres produits comme le médicament et les produits alimentaires sont dans ce cas.
Globalement, c’est la réduction de la facture des importations, qui s’est élevée à 40 milliards de dollars en 2008, qui est visée.
Les revenus décroissants de l’Algérie, à cause de la baisse du prix du pétrole au niveau mondial, font qu’il n’est plus possible de dédier des montants énormes à l’importation sans subir le risque de puiser dans les réserves de change.
Or, celles-ci ne suffisent que pour couvrir 36 mois d’importation. D’ailleurs, lors des sept premiers mois de l’année, l’Algérie n’a engrangé que 24,6 milliards de dollars contre presque le double à la même période de l’année dernière (47,8 milliards).
23,2 milliards de dollars est le montant des importations pour les sept premiers mois de 2009 contre 22,5 milliards lors de la même période de 2008.
137 millions de dollars ont été consacrés à l’importation des véhicules en ce laps de temps en 2009.
177 millions étaient consacrés à cette même activité en juillet de l’année dernière.
La simple lecture de ces chiffres montre clairement que l’importation des véhicules commence à être impactée par les mesures du gouvernement.
Mais c’est encore loin d’être la Berezina pour les concessionnaires.
Dans l’ensemble, ils introduisent sur le territoire environ 200.000 véhicules par an. Cette donne n’a pas la même signification pour tout le monde.
Pour le gouvernement, c’est un indice suffisant pour étayer l’idée selon laquelle le marché national a une capacité d’absorption suffisante pour se lancer dans la production.
Pour les constructeurs, il est hors de question de miser sur les achats dans un seul pays pour bâtir une stratégie.
L’exportation est alors un impératif pour pouvoir assurer la pérennité des affaires.
Mais dans un contexte de crise économique, il est peu probable qu’il soit facile de trouver des acheteurs.
Les Algériens aimeraient bien disposer de véhicules neufs mais pas à n’importe quel prix, car avec la suppression du crédit il devient de plus en plus difficile pour une certaine frange de la population d’effectuer cet achat très coûteux.
Ahmed MESBAH