La pomme de terre à 50 DA et le poulet à 350 DA le kilogramme.
Nous passerons évidemment sur le reste du panier de la ménagère comme le concombre, la tomate, l’ail, l’oignon, le poivron doux, piquant…etc. sinon il faudrait passer un à un tous les éléments de la mercuriale.
A Constantine c’est l’hérésie totale, aussi bien côté commerçants que côté consommateurs.
Le premier saigne le second qui va au marché comme un agnelet va à l’autel, maugréant forcément mais résigné quand même.
Il est de coutume qu’à chaque fois qu’approche le mois de Ramadhan, la déréglementation est littéralement instituée par les barons des marchés de gros, cette année ne devant donc, par voie de conséquence, pas déroger à une tradition sauf qu’elle vient démentir superbement toutes les professions de foi des pouvoirs publics et plus particulièrement des responsables au plus haut niveau, battant de fait en brèche tous les plans, stratégies et programmes savamment concoctés par de réputés spécialistes et des aréopages aussi importants ou pompeux les uns que les autres par leur composition et leur «maîtrise» du sujet.
A titre d’exemple et nous en faisons la connaissance à chaque fois que l’opportunité nous est donnée de rencontrer un agriculteur «…contrairement à tout ce qui est affirmé ici et là sur une saison céréalière exceptionnelle, tout n’est que fantasme des secteurs concernés rapporté par la presse, qui ne prend même pas le soin, faute de spécialiste dans les rédactions, de vérifier sur le terrain ces informations. D’ailleurs, cette année, l’importation de blé va être plus importante que l’année écoulée, c’est dire…», soulignera à notre intention Z. M., important céréaliculteur de la région d’Oued Zenati, lequel enchaînera : «Je vous prends également l’exemple de la pastèque. Elle est disponible à profusion sur le marché, pourtant les prix ne baissent pas. L’explication est simple, elle est importée des frontières… unisiennes et ne peut donc être écoulée qu’au prix coûtant plus la marge bénéficiaire évidemment».
Dans tout ce capharnaüm, que font les responsables locaux de la direction de la concurrence et du contrôle des prix ? Rien !
Le plus gros de leurs troupes est en congé, les cadres directement concernés peaufinant une stratégie pour le mois de Ramadhan et prenant les plus grandes résolutions comme d’habitude sauf qu’ils semblent oublier que les commerçants peuvent avoir les plus grandes craintes, à l’exception de représailles administratives même s’ils sont pris en flagrant délit de fraude, de pratique illicite de prix, de commercialisation de produits périmés, avariés ou nocifs.
Les étals ont déjà commencé à pulluler sur les voies de circulation, squatter la chaussée publique relève du droit que n’arriveront jamais à éliminer les agents à travers «leurs spectaculaires opérations coup-de-poing» comme aiment à titrer nos confrères… juste pour faire illusion.
Quelles pourraient donc être les mesures à prendre par les pouvoirs publics à travers leur police de la voie, les brigades de répression de la DCP, celles combinées avec les brigades de la santé, la protection civile, etc.
Elles seront à l’identique de celle des années passées et les réponses des responsables auxquels seront posées les questions seront les mêmes : «Des mesures exceptionnelles et selon la particularité de ce mois, tout a été prévu pour que le citoyen, le consommateur vive un Ramadhan serein. Nos brigades veilleront à la stricte application de la réglementation».
Elles veilleront effectivement à la stricte application de la réglementation dans la matinée à partir de 11 h et jusqu’à 15 h et pour cause, les heures de… bureau.
Ensuite le consommateur est librement lâché dans les serres de ses prédateurs.
Faudrait-il pour autant jeter l’anathème sur l’administration quand le consommateur lui-même est consentant et ne témoigne pas la moindre volonté de se faire violence pour une fois et refuser le diktat des commerçants.
Un brin d’austérité et de stoïcisme, des préceptes sur lesquels pèsent au demeurant le mois religieux évoqué, ne tuerait pas pourtant ceux qui n’arrêteront pas de pousser des jérémiades face à des «temps difficiles».
Il suffirait pour cela de se rendre à hauteur des artères commerciales de la ville, les marchés réglementés des cités et informels de la périphérie pour s’en rendre compte.
Abdelhamid Lemili