La Chine a offert d’énormes quantités d’armes au colonel Mouammar Kadhafi en juillet dernier et a mené des conversations secrètes sur leur livraison via l’Algérie et l’Afrique du Sud, a rapporté dimanche 04 septembre le quotidien canadien The Globe and Mail. Des documents suggèrent que entreprises chinoises implantées en Algérie auraient été associées à des négociations de ventes d’armes pour le régime de Kadhafi.
Citant des documents en sa possession, le journal affirme que les compagnies d’armements chinoises contrôlées par l’Etat étaient prêtes à vendre des armes et des munitions pour un montant d’au moins 200 millions de dollars (150 millions d’euros) fin juillet, passant outre aux sanctions de l’ONU.
Le quotidien américain The New York Times fait également état de l’existence de ses documents de son édition du dimanche 4 septembre évoquant notamment un mémo du gouvernement libyen datant du 16 juillet, qui détaille un voyage d’affaires en Chine.
Interrogés par le New York Times, des responsables au Pentagone, au Département d’Etat et des services de renseignements américains, indiquent ignorer l’existence de ces tractations et affirment que l’étude des documents nécessite du temps.
Soupçons sur la Chine, l’Algérie et l’Afrique du Sud
The Globe and Mail ne confirme pas que les armes ont été livrées mais cite des dirigeants du nouveau régime à Tripoli selon lesquels les documents renforcent leurs soupçons sur de récents agissements de la Chine, de l’Algérie et de l’Afrique du Sud.
Graeme Smith, journaliste pour le Globe and Mail, a déclaré que les documents que son journal a mis en ligne ( voir ICI ) ont été trouvés dans une poubelle dans le quartier Bab Akkarah, où vivaient de nombreux fonctionnaires du régime de Kadhaf. Les papiers portaient la griffe de la direction des achats du gouvernement libyen.
Omar Hariri, chargé des affaires militaires au sein du Conseil national de transition (CNT), a examiné les documents et conclu qu’ils expliquent la présence de nouvelles armes sur le terrain, affirme le quotidien.
« Je suis presque certain que ces armes sont arrivées et ont été utilisées contre notre peuple », a indiqué Hariri, selon le quotidien. Les documents ont été découverts dans un dépôt d’ordures dans le quartier de Bab Akkarah, à Tripoli, où habitaient plusieurs des plus fidèles partisans du colonel Kadhafi, écrit le journal.
Des missiles sol-air
Des conseillers militaires de haut rang de Kadhafi se sont rendus à Pékin à la mi-juillet où ils ont rencontré les responsables des entreprises China North Industries Corp. (Norinco), China National Precision Machinery Import & Export Corp. (CPMIC) et and China XinXing Import & Export Corp., ajoute-t-il
Les firmes chinoises ont offert tous leurs stocks d’armes et ont proposé d’en fabriquer davantage si nécessaire, indique The Globe and Mail. Les Chinois ont insisté sur la nécessité de maintenir la discrétion et recommandé que « les contrats soient établis avec l’Algérie ou l’Afrique du sud, pays avec lesquels la Chine a déjà travaillé », selon les documents cités par le journal.
Des négociations conduites sur le sol algérien ?
De plus, les Chinois ont proposé qu’une « délégation de spécialistes et l’attaché militaire en Chine soient autorisés à négocier les détails techniques, les prix et la période d’importation etc. Soit en Chine soit dans les bureaux des compagnies chinoises en Algérie ».
Les firmes chinoises ont également relevé que beaucoup des armes demandées par la délégation libyenne se trouvaient déjà dans les arsenaux de l’armée algérienne et pouvaient être transportées immédiatement à travers la frontière, affirme le journal.
Selon les documents trouvés, les deux parties ont évoqué notamment la livraison de camions lance-roquettes et de missiles antichars. Les Chinois auraient également offert des missiles sol-air QW-18, comparables au Stinger américains, capables d’abattre des avions à basse altitude, ajoute-t-il.
Fondée en 1980, Norinco est la plus importante entreprise de fabrication et d’exportations d’armes en Chine. Elle possède des bureaux en Algérie depuis les années 1980.