En 2008, étant, à l’époque, vice-président du MSP, Abderrezak Mokri avait révélé que son parti comptait instaurer une commission de soutien et de suivi du gouvernement. Et voilà qu’en juin 2013, Mokri élu récemment président du parti du défunt Nahnah, annonce la mise en place d’un gouvernement parallèle ou de l’ombre.
Ainsi, ce parti qui est revenu dans le camp des islamistes après avoir été durant des années, un partenaire dans l’Exécutif, l’APN à travers l’Alliance présidentielle, compte se positionner lors des présidentielle de 2014. Ses ambitions sont affichées. Le tout nouveau patron du Mouvement de la société pour la paix (MSP) ne désespère pas de jouer le rôle d’opposant de poids au pouvoir. Et pour ce faire, le successeur de Soltani qui tend la main aux islamistes et nationalistes. Et de déclarer dans la logique de la toute nouvelle ligne oppositionnsite imprimée au Mouvement, l’installation d’un véritable gouvernement « parallèle ».
Il est question de mettre en place un gouvernement sous forme de commissions qui auront, chacune, à suivre l’action du département ministériel correspondant et d’être du rendez- vous des prochaines élections, anticipées soient-elles. Ainsi, le MSP qui a participé au gouvernement sous la présidence du Président Bouteflika pendant des années, n’abandonne pas le rêve de revenir au gouvernement par la grande porte à travers une majorité confortable. Cependant, on ne sait pas comment ce parti pourra contrôler le gouvernement Sellal et surtout que ce contrôle soit efficace et constructif, sachant que le MSP n’est pas présent au gouvernement, puisque le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, n’est pas à considérer comme représentant du MSP, suite à la décision du parti de quitter l’Exécutif. Et même au niveau de l’Assemblée populaire nationale, ce parti n’a pas une majorité confortable pour contrôler l’Exécutif sachant que le MSP partage 48 sièges avec deux autres formations politiques (Ennahdha et El Islah).
Il est à rappeler que l’idée du gouvernement parallèle n’est pas une innovation du MSP, puisque le FLN l’a déjà mise en place, sans suite depuis 2010, sachant qu’en 2006, le vieux parti avait réclamé le poste de chef du gouvernement, occupé à l’époque par l’ex-Sg du RND, Ahmed Ouyahia. Abdelaziz Belkhadem a occupé le poste de chef du gouvernement durant deux ans (2006-2008).
En 2010, le FLN détenait plusieurs portefeuilles au sein du gouvernement et des questions se posaient sur son initiative comme force de proposition. Ainsi, des secrétariats et des commissions ont été installés dans tous les domaines. Santé, éducation, agriculture, pêche, transport, jeunesse, économie, politique, études stratégiques, relations internationales, femmes et même les enfants, rien n´a été lâché. Depuis le 9e congrès dernier, pas moins de sept commissions ont été installées. Présidées par des ministres, ces commissions ont eu pour objet de résoudre les problèmes dont souffrent les secteurs. Tout en associant les cadres et les compétences, le FLN a ouvert un espace de concertation pour trouver des solutions aux problèmes, dont, le chômage.
Ainsi, le FLN voulait s´imposer comme veillant aux intérêts de l´Etat et des citoyens. Alors qu´il détenait comme aujourd’hui, plusieurs portefeuilles au sein du gouvernement, le FLN forme son propre pouvoir. Aujourd’hui, ce parti est affaibli par sa crise interne, même s’il reste majoritaire à l’APN et partenaire au gouvernement, il laisse probablement la voie à d’autres pour se positionner, comme le cas du MSP.
Par Nacera Bechar