La proximité de Aïn Témouchent d’Oran, à l’Est, et de Tlemcen, à l’Ouest, fait qu’elle constitue une zone de transit des différents trafics entre la frontière et la capitale de l’Ouest.
L’ activité criminelle a nettement reculé à Aïn Témouchent. Même ses 80 km de côte n’attirent plus les harragas. Ils sont devenus la destination estivale de quelque 9 millions de personnes venues d’une trentaine de wilayas. L’année dernière, à la même période, avec le pic du mois d’août, ils étaient 7 millions d’estivants à choisir le calme des plages de Aïn Témouchent.
Les harragas ont changé de lieu d’embarquement ou changé d’option ? Ils n’étaient que seize à tenter l’aventure et à prendre le large sur deux petites embarcations, depuis le début de l’année. Première explication de ce repli : l’Ansej est passée par là et a touché les jeunes qui seraient tentés par une escapade vers les côtes espagnoles bien visibles les jours de beau temps.
Almeria est en face, proche et inaccessible à la fois. Et depuis que la gendarmerie a commencé à s’attaquer aux sources des réseaux de passeurs et les a démantelés, les volontaires se font très rares. Les autres trafiquants, ceux opérant sur le segment du kif marocain, ne prennent aucun risque. Ils larguent des colis bien scellés et imperméables dont le poids varie entre 20 et 33 kilos au large des côtes de Aïn Témouchent que le courant fréquent se charge de ramener sur les plages. Exemple constaté lundi en début d’après-midi. Des estivants qui ont aperçu au large un paquet se rapprocher de la plage, alertent les gendarmes positionnés dans la zone dans le cadre du plan Delphine. Le colis est attaché à une petite corde par laquelle il est tiré.

Contenu : 20 kilos de kif traité. Cette scène se répète à longueur d’année pour les gendarmes qui disposent aussi de patrouilles pédestres qui “auscultent” les plages et les reliefs rocheux entre les plages. Il se trouve parfois des pêcheurs d’un autre genre qui guettent non pas le mouvement du bouchon, mais celui des vagues et ce qu’elles apportent avec elles.
La plupart des prises se font donc par voie maritime sous forme de colis rejetés par les vagues ou dans des barques qui chavirent ou cassent sous l’effet d’un fort courant et de vagues qui déversent leur cargaison qui échoue sur les côtes. À la mi-2014, les services de la gendarmerie de Aïn Témouchent ont saisi plus de 340 kilos de cannabis dont la majorité sous forme de colis rejetés par la mer. Ils ont arrêté lors du traitement de ces affaires, 94 personnes.
La proximité de Aïn Témouchent d’Oran, à l’Est, et de Tlemcen, à l’Ouest, fait qu’elle constitue une zone de transit des différents trafics entre la frontière et la capitale de l’Ouest. Les différents produits saisis l’ont été sur des véhicules venant d’Oran ou de Tlemcen en passant obligatoirement par le territoire de Aïn Témouchent.
Cette ville calme constitue aussi le point de passage obligé des clandestins en quête d’un travail. Ils tentent de rallier Oran ou en provenance d’Oran en direction de Tlemcen pour ceux dont l’objectif est de traverser la frontière pour rejoindre l’une des deux enclaves espagnoles en territoire marocain, le sésame qui ouvre les portes de l’Europe.
Mais encore faut-il franchir ce cap des deux portes, est et ouest, de Aïn Témouchent. Durant les sept premiers mois de l’année en cours, 146 personnes de 13 nationalités différentes entrées illégalement dans le territoire de la wilaya, ont été arrêtées. Certains clandestins ont été interceptés aux points de contrôle sur les axes routiers à l’entrée et à la sortie de la ville.
Des produits alimentaires, des effets vestimentaires et des quantités de cuivre généralement dissimulées dans des véhicules personnels ont également été saisis. Le seul phénomène criminel local est le vol de cheptel dans cette région à vocation agricole. Réagissant souvent à des appels de victimes, souvent via le numéro vert, les éléments de la gendarmerie réussissent à intercepter les auteurs avec leur butin.
Depuis janvier dernier, les gendarmes ont réussi à récupérer 111 têtes d’animaux et à arrêter 9 personnes. Mais ces activités n’influent en rien sur la tranquillité des estivants étant donné qu’elles se déroulent dans une grande discrétion et s’exercent en dehors des périmètres touristiques.
D. B.