Des citoyens réagissent aux dernières mesures du gouvernement, Le sujet qui fait peur à Bouira

Des citoyens réagissent aux dernières mesures du gouvernement, Le sujet qui fait peur à Bouira

Les terres à haut rendement céréalier cultivées à l’ère du socialisme par les Allemands de l’Est sont envahies par le béton

«Depuis la nuit des temps on nous raconte que la loi de finances est calculée sur la base d’un baril à 34 dollars. Pourquoi parle-t-on d’une crise quand il est vendu à plus de 50 dollars?»

Officiellement, la wilaya de Bouira est agricole. Concrètement, elle reste une région où les prix des fruits et légumes sont les plus élevés au niveau national. La crise annoncée suite à la chute des prix du baril de pétrole vient confirmer les erreurs et la faillite de la gestion d’un pays qui dépend exclusivement des exportations des hydrocarbures. Par le passé pas très lointain, Bouira disposait d’une minoterie classée seconde à l’échelle africaine. Cette structure domine depuis ses silos la ville mais reste étrangement vide et silencieuse.

«Voilà un exemple concret de cette gestion qui à travers des décennies a consisté à jeter de l’argent par la fenêtre pour tenter d’acheter la paix sociale», nous confie, Slimane un ancien ouvrier de cette unité de l’Eriad aujourd’hui à l’arrêt. Les terres à haut rendement céréalier cultivées à l’ère du socialisme par les Allemands de l’est sont envahis par le béton. Du temps de l’ère coloniale, les amandes de Beccouche, celles de Maâlla, le miel de Gerrouma, les raisins de Aïn Bessem, les agrumes de Kadiria, l’huile de M’Chedallah, les poires d’Ath Mansour, le blé d’El Hachimia, les maraîchers des Arribs, les pistaches d’Ahl El Ksar… sont autant de produits qui garnissaient les étals de Rungis et des marchés français. Que reste-t-il de ces trésors? «Aujourd’hui, on nous demande de serrer la ceinture. Elle est au dernier trou. Dans un Etat qui se respecte, les fautifs payent. L’agriculture algérienne a été massacrée. On a préféré le choix facile: vendre du pétrole et dépenser sans ménagement. Le résultat est là», nous dira Da L’Mouloud, un retraité de l’éducation. La crise qui s’annonce ne semble point perturber un groupe de jeunes attablés dans un café. Pour ces diplômés universitaires, exerçant dans le cadre du pré-emploi, l’alarmisme des responsables est exagéré. «La suspension des recrutements pour l’année 2015 est une mesure arbitraire, unilatérale du gouvernement.

LG Algérie

Au lieu de nous pénaliser avec cette décision, l’austérité doit commencer dans les milieux politiques. Réduisez d’abord vos faramineux salaires et ceux des députés, avant de faire supporter vos égarements aux jeunes Algériens» nous déclarera Yacine, détenteur d’un master 2 en finances et gestion commerciale.

Abondant dans le même sens, Hakim, étudiant en droit à l’université Akli Mohand Oulhadj nous dira «quand le prix du baril avoisinait les 150 dollars, nos responsables vantaient leurs mérites et dépensaient sans souci.

Aujourd’hui et comme à chaque fois, c’est le peuple qui va payer la sauce. Les responsables de cette situation viendront nous expliquer que l’Algérie n’est pas une île perdue dans un océan et subira les conséquences d’une crise mondiale. Ces mêmes responsables sont ceux qui, il y a une année déclaraient que l’Algérie peut subvenir aux besoins de toute l’Afrique. Par déduction logique, moi je pense que ces responsables doivent rendre compte au peuple».

Pour Boualem, électricien en bâtiment, le discours est plus direct «où est passé l’argent du pétrole? Ils l’ont volé et aujourd’hui, on me demande de priver mes enfants de manger des lentilles, des haricots secs. Non je dis non!».

«Depuis la nuit des temps, on nous raconte que la loi de finances est calculée sur la base d’un baril à 34 dollars. Pourquoi parle-t-on d’une crise quand il est vendu à plus de 50 dollars?» s’interroge Mohamed, apprenti au Cfpa.

Cet échantillon très exhaustif de la composante sociale montre que les visions diffèrent mais unanimement, les citoyens n’admettent pas qu’on parle de crise, de restrictions budgétaires, de manque de moyens quand pendant une décennie on a dépensé comme des fous des milliards et des milliards pour des résultats médiocres dans l’ensemble des secteurs vitaux du pays. L’agriculture, le tourisme, les services sont autant de secteurs qui pouvaient éviter à l’Algérie les surprises d’un lendemain incertain.