À quelques semaines du début du mois de Ramadhan, on assiste à Annaba à une reprise, plutôt agressive, de mouvements de protestation devant les sièges de la daïra de Annaba.
Les occupants du bidonville de Sidi Harb ont observé dans la matinée, hier, un mouvement de revendication, devant le siège de la daïra de Annaba concernant des logements. En plus des 82 familles de Sidi Harb, ont pris part à ce rassemblement, des habitants de Oued En Nil et l’Ecotec, El Fakharines et Bouhdid, pour ne citer que ces sites défavorisés de la wilaya de Annaba. A ces habitants, les autorités locales avaient promis des logements juste après les élections des législatives du 10 mai 2012. Cette résurgence de la contestation de rue serait motivée, selon nos interlocuteurs, par, non seulement les promesses non tenues des autorités en charge de leurs doléances, mais surtout, par l’absence d’un quelconque responsable, pouvant communiquer avec ces laissés-pour-compte. Sur les banderoles qu’ils exhibent on pouvait lire: «Hogra et mahsoubia mafieuse.»
Durant toute la matinée, les contestataires ont bloqué la circulation du boulevard reliant le siège de la daïra aux autres artères routières, provoquant des bouchons interminables. La furie citoyenne a atteint son paroxysme, au point de traiter tout responsable de «menteur». «Ils nous ont menti tout le long de la période pré-électorale, pendant des semaines, ils venaient frapper à nos baraques, demandant nos voix et promettant une prise en charge de nos doléances, notamment celles relatives à nos conditions inhumaines de vie», ont crié les centaines de familles.
«Après les résultats du vote, on ne les a plus revus, ils ont pris leurs places dans le bâtiment du Parlement, ils n’ont plus besoin de nous» criait la foule en rage, avant d’ajouter: «Nous ne bougerons pas d’ici jusqu’à ce que les pouvoirs publics prennent en charge nos doléances.» En effet, la saison des chaleurs s’annonce plutôt dure cette année, et des centaines de familles, à qui on avait promis monts et merveilles, devront une année de plus vivre dans la précarité des bidonvilles. Un dispositif sécuritaire rigoureux a été déployé, parant à toute éventualité. Les demandeurs de logement, n’ayant pas suscité un quelconque intérêt des locataires de la daïra, ont décidé de délocaliser leur mouvement, devant le siège de la wilaya, où ils se sont rassemblés sous une chaleur de plomb, demandant à être reçus par le premier responsable de cette institution de l’Etat. Toutefois, il convient de noter que plusieurs centaines de manifestants, parmi lesquels des femmes et des jeunes, ont tenté de forcer le portail, principal accès à la wilaya. Les protestataires se sont heurtés à un cordon sécuritaire composé d’éléments de la police antiémeute installés avant l’arrivée des manifestants. Au moment où la contestation citoyenne s’est atténuée, l’accalmie semble de courte durée.