S’exprimant à leur tour, sous couvert de l’anonymat, des officiers de la Police jettent la balle dans le camp de l’appareil judiciaire, accusé de laxisme. «Bon nombre de délinquants que nous remettons entre les mains de la Justice se retrouvent le lendemain libres de nous tenir tête».
Les commerçants de la ville de Koléa ont organisé, hier samedi, en début de matinée, une marche qui a démarré de la Route d’Alger pour se rassembler, tous ensemble, devant le siège de la municipalité.
En colère et sans représentants dûment mandatés, les commerçants, nombreux à avoir adhérer à cette action de protestation, qui a été médiatisée par voie de Facebook, ont entendu, ainsi, peser de tout leur poids pour que des actes concrets soient pris afin que cessent les agressions, dont celles au grand jour, et dont a été le théâtre la commune de Koléa et qui ont créé une ambiance de psychose au sein non seulement des commerçants mais également parmi les citoyens. Signalons que le président de l’APC accompagné du commissaire de la commune de Koléa ont accueilli le porteparole des manifestants pour écouter les doléances des gens, et trouver des solutions pour calmer les esprits.
D’après le porte-parole des habitants, les services de sécurité doivent intervenir immédiatement en doublant leurs effectifs, pour mettre l’ordre dans la ville qui compte plus de 70 000 habitants actuellement, où le commerce informel et les parkings illicites fleurissent de façon remarquable.
C’est pourquoi les habitants sollicitent «le renforcement des policiers, jour et nuit», précise notre interlocuteur. Selon lui, Koléa est devenue le nid privilégié des malfaiteurs où le crime sous toutes ces formes sévit sans que les autorités locales ne bougent le petit doit. Il précise que le vol, les agressions et la drogue caractérisent le quotidien des habitants qui s’attendent à tout moment à l’agression, même dans leurs domiciles.
En outre, il souligne que les automobilistes de Koléa sont devenus victimes des gardiens de parkings, qui les agressent avec des armes blanches et des matraques. À ce titre, il ajoute que de jeunes gens s’improvisent en gardiens de parking et se voient de plus en plus nombreux au vu de la rentabilité et la facilité de cette activité illégale, où ils ont accaparé les abords des routes des quartiers et les moindres petits espaces pour en faire leur propre arène de stationnement.
Il ajoute que la drogue se vend en plein jour dans la ville, au su et vu de tout le monde, «la consommation de drogue a pris des proportions alarmantes», a indiqué le même responsable. Il a signalé que la population locale exige la protection des jeunes et des enfants des nombreux dangers qu’engendre ce phénomène. Dans ce cadre, il note que des réseaux qui commercialisent ce produit mortel sont très actifs sur le terrain. Ils ont fait beaucoup de victimes dans les milieux juvénile et enfantin.
La drogue est partout. Elle est consommée dans la rue, mais également à l’intérieur des écoles. Pour rappel, à la dernière semaine du mois de carême un jeune commerçant de vêtements d’importation a été poignardé par des délinquants, en plein jour. Actuellement, il est toujours sous surveillance médicale.
Quelques jours après, c’est un bijoutier qui tient boutique à la Rue d’Oran de faire les frais de ces actes de vandalisme. Il ne s’en est sorti que grâce à la présence d’esprit de ses voisins qui ont heureusement réussi à capturer l’un des agresseurs qu’ils ont remis entre les mains des agents de la Sûreté nationale.
«Nous avons reçu des assurances de la part des responsables de la sûreté de daïra de Koléa que la sûreté et le calme au niveau de la ville seront rétablis à travers tout le territoire des communes», a assuré l’un des élus locaux, alors que les protestataires ne l’entendaient pas de cette oreille, et demandaient à ce que le maire de la ville, Djillali Hemaïdi-Zourgui, entouré par le staff entier des élus locaux, s’exprime officiellement et donne des gages de bonne volonté pour que les agressions cessent contre les propriétaires de commerce et leurs employés. La délinquance a pris des proportions alarmantes et a généré un climat d’insécurité, non seulement, au sein des commerçants de la ville de Koléa mais également parmi la population locale.
S’exprimant avec plus de hargne, des voix sont allés jusqu’à suggérer de faire monter les enchères et d’amener les autorités de la commune à renvoyer l’actuel commissaire de Police qui, selon eux, n’a rien fait pour imposer le calme et la quiétude. Cette insécurité se répercute négativement sur l’activité commerciale de la ville, ce qui a poussé les gens a fermer les commerces très tôt le soir, et regagner leurs domiciles pour éviter les mauvaises surprises.
«Je ferme mon magasin avant 20 heures car à partir de cette heure-là, il n’y a rien à gratter, tout le monde rentre chez-lui. C’est vraiment dommage car cela porte un grand préjudice à l’image de la ville», explique un commerçant de la ville.
Hassiba Chaiblaine et Mohamed Djamel
Qu’ils aillent au diable !
Une action citoyenne vient d’être déclenchée dans la paisible et séculaire ville de Koléa (Tipaza). Des commerçants et citoyens ont observé un sit-in de protestation contre l’insécurité rampante dans leur ville. Cette action vient interpeller, non sans une certaine violence verbale, les autorités locales et, partant, celles du pays, sur un phénomène extrêmement menaçant et dangereux à l’égard duquel on semble manifester un laxisme sidérant.
À croire, au vu de l’ampleur toujours ascendante de cette criminalité et sans volonté manifeste et radicale de l’endiguer, voire de l’éradiquer, qu’une telle passivité de la part de la puissance publique est délibérée à quelque niveau. Il suffit pour s’en convaincre de souligner l’aveu souvent réitéré de la police qui aboutit toujours à ce constat imprégné d’impuissance : «Bon nombre de délinquants que nous remettons entre les mains de la Justice se retrouvent le lendemain libres pour nous tenir tête, de nouveau».
Alarmiste ? Pas tant que cela si l’on considère le constat effarant où le citoyen n’a plus le droit ni de sortir, que ce soit en famille ou seul, en véhicule ou transport public ou tout bêtement encore tenir commerce. Le diktat de la vermine est absolu : renoncer au moindre bien convoité, de la voiture au simple téléphone portable, au bijou, ou alors à la vie. Pis, parfois aux deux à la fois. Le pays en entier semble devenu une jungle des plus sauvages.
Les exemples foisonnent et sont légion, qui défraient la chronique au quotidien aux quatre coins du territoire, dans les grandes villes, bourgades et chaumières. La culture de la violence, le sang, les mutilations et les décapitations atroces affichées en grandeur nature, lors de la Décennie rouge, semblent avoir frappé de schizophrénie dangereuse de larges pans de la société, plus particulièrement la frange juvénile.
On parle, ici, de propension à faire saigner l’autre comme on saignerait un porc, avec une haine incommensurable en plus. Remember les corps passés à la tronçonneuse ou découpés méticuleusement, membre par membre ! Les psychotropes et la drogue, dont la place publique est généreusement -et souvent impunémentarrosée, aidant, il n’y aurait plus aucune gêne, scrupules et encore moins d’humanisme à commettre le plus abject des crimes qui ferait pâlir de jalousie tous les Jack-l’Éventreur de l’Histoire.
D’autant, qu’en retour, il y aurait toujours le coussin d’amortissement de la grâce présidentielle, un avocat du diable féru de prébende et grand expert des méandres corruptives qui y mènent ou encore les chartes universelles sur les droits de l’Homme vigoureusement suivies par quelque «Gendarme du monde» qui, lui, ne se gêne pas d’appliquer la chambre à gaz ou l’injection létale intra- muros pour préserver la quiétude de ses concitoyens ! En vérité, l’État est tenu, à présent que le terrorisme est annihilé, de passer aux grands remèdes, en face de tels grands maux, et d’emprunter les voies coercitives les plus radicales.
Et plutôt à s’échiner à construire des pénitenciers, aux chambres plus spacieuses -teintées rose, pourquoi pas? tout juste bons à servir d’espace de recyclage dans le crime, ne vaudrait-il pas mieux commencer d’abord à assainir foncièrement l’appareil judiciaire, supprimer la grâce présidentielle dans les cas judicaires, dont la gravité est avérée, et enfin débarquer les cas les plus retors vers des camps du Sud, dans l’optique d’une juste pénitence et d’une réinsertion fiable par le travail dans le cadre de projets d’utilité publique ? Le propos peut apparaître implacable mais l’État est aujourd’hui confronté à l’impératif de répondre à l’appel d’une société en danger !
N. B.