Une commune riche, des habitants qui crèvent la dalle. Des dizaines de jeunes chômeurs, dont des diplômés, ont pris d’assaut des les premières heures de la matinée de mercredi 16 février, le siège de la daïra (sous préfecture) de Hassi Messaoud dans la wilaya de Ouargla, à 900 Kms au sud d’Alger, a appris DNA auprès de témoins sur place.
Ils réclament du travail et dénoncent leur exclusion par les sociétés pétrolières. Hassi-Messaoud, le poumon de l’industrie pétrolière algérienne, est l’une des communes les plus riches d’Algérie en raison de la fiscalité pétrolière et parapétrolière.
Si les forces de l’ordre sont stationnées aux abords du siège de daïra, les protestataires, eux, ne sont pas intimidés. D’ailleurs, ils ont investit les locaux administratifs en forçant le cordon sécuritaire. Les tentatives de la police de les déloger ont été infrictieuses, tant la détresse et la colère des chômeurs est à son paroxysme.
Ces jeunes de la ville de Hassi Messaoud réclament des postes d’emplois et dénoncent leur exclusion sociale. « La région, connue pour ses sociétés pétrolières, est la plus riche en Algérie, d’Afrique même.
Le premier qui vient du nord ou de l’étranger travaille ici, sauf les jeunes de Hassi Messaoud. Nous subissons l’exclusion totale», dénonce Mahmoud, porte-parole du comité local des chômeurs de Hassi Messaoud, joint par téléphone. « Les postes d’emplois sont monnayés à coup de millions de centimes. C’est une véritable mafia qui nous affame », s’indigne-t-il.
Notre interlocuteur dit réclamer un poste de travail à même de garantir « sa dignité » et celle de sa famille. Son ami, Hamid, un chômeur diplômé, abonde dans le même sens. « Les multinationales embauchent des cadres étrangers, parfois avec des visas falsifiés. Et nous, ils refusent de nous embaucher. C’est injuste. Nous sommes des bêtes, des sous-humaines ? Nous aussi nous avons la carte d’identité algérienne », explose-t-il.
Un autre manifestant fustige les responsables de l’antenne locale de l’agence nationale de l’emploi, incapable, selon lui, de répondre à la détresse des jeunes de la région. « Ils ne font rien en direction des chômeurs. Nous vivons une politique de clochardisation », confie-t-il.
Assailli par les réclamations des protestataires, le chef de daïra a affirmé être dépassé par la problématique, selon les habitants de la ville. Une réponse qui ulcère les chômeurs.
En désespoir de cause, les protestataires prévoient une grève de la faim à l’intérieur même des locaux de la daïra dans l’espoir d’alerter les autorités. Ils exigent la présence du wali (préfet) auprès duquel ils comptent exposer leurs revendications.
Classée commune la plus riche en Algérie, Hassi Messaoud occupe la seconde place au niveau africain avec des recettes annuelles dépassant 1800 milliards de centimes ( 245 millions de dollars) correspondant à la collecte d’impôts et taxes prélevés sur plus de 149 entreprises pétrolières et de services.