Tout comme le secteur public, le privé a été associé à la lutte contre le cancer. Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière vient d’autoriser l’ouverture de ce genre de centres par le privé.
Pour alléger, en effet, la pression exercée sur les centres publics, en matière de prise en charge des cancéreux, quatre centres anti-cancer privés seront ouverts prochainement, à Alger et Blida. Une bonne nouvelle pour les malades annoncée par le directeur des services de Santé au ministère, le Pr. Larbi Abid, à la veille de la Journée mondiale de lutte contre le cancer.
Selon le représentant du ministère de la Santé, « les personnes malades constateront, dès le deuxième semestre 2013, cette amélioration après dotation des centres de Batna et de Sétif d’équipements indispensables à la radiothérapie et la réouverture du service de Constantine où une installation d’équipements est en cours.
Le centre de Annaba bénéficiera, lui aussi, de matériel médical de radiothérapie outre les six projets d’ouverture de nouveaux centres, dans différentes régions du pays ». Une bonne nouvelle, certes, estiment certains spécialistes mais qu’en est-il de la prise en charge de ces soins offerts par le privé.
C’est la problématique qu’a posée le professeur Djillali Louafi, chef de service d’oncologie au CHUO, soulignant que « les soins pour le traitement du cancer sont très coûteux. Pour une radiothérapie, il faut un minimum de six semaines de soins, soit cinq jours par semaine.
Est-ce la sécurité sociale qui va prendre en charge ces frais ? ». Car, dira-t-il, « les malades ne peuvent pas supporter les frais de ce genre de traitement. Dans ce cas, la sécurité sociale sera-t-elle associée ? ».
Des questions auxquelles le ministère doit apporter des réponses. Le directeur des services de Santé au ministère, cité par l’APS, a, pour sa part, reconnu le déficit enregistré en matière de radiothérapie, expliquant cette situation par la durée de fabrication de ces équipements de haute précision dans deux laboratoire étrangers, existant à l’échelle mondiale, outre leurs installation et sécurisation.
Le ministère de tutelle a pris des mesures strictes pour l’acquisition du matériel de radiothérapie après la réalisation de centres spécialisés dans le traitement du cancer, a-t-il affirmé.
Pour ce qui est des malades des wilayas de l’est du pays qui attendent des rendez- vous pour une radiothérapie après l’arrêt du centre de Constantine, le Pr. Abid a tenu à dire que le ministère ne ménageait aucun effort pour l’ouverture du centre de Ouargla 24/24 pour la prise en charge d’un grand nombre de malades.
8000 cancéreux à l’est du pays sont privés de radiothérapie. Actuellement, 7 appareils disponibles à l’hôpital central de l’Armée et 3 au CPMC et aux centres de Blida, d’Oran et de Ouargla sont opérationnels pour une couverture nationale. L’absence de radiothérapie rend inefficace la chirurgie et la chimiothérapie.
Les oncologues sont unanimes à dire que le respect des rendez-vous pour une chirurgie et une chimiothérapie restaient inefficaces en l’absence de la thérapie complémentaire à savoir la radiothérapie. Le président de la Société algérienne d’oncologie, le Pr. Kamel Bouzid, a affirmé que le nombre de cas de cancer en Algérie est appelé à s’accroître, les dix prochaines années, en raison du vieillissement de la population.
L’Algérie connaît actuellement le même rythme de progression du cancer que celui enregistré, ces dernières années, dans les pays occidentaux où l’on recense, du fait du vieillissement de la population, 300 nouveaux cas pour 100.000 habitants comme en France et 400 nouveaux cas aux Etats-Unis ».
« La maladie a augmenté de façon remarquable », selon le Pr Kamel Bouzid, « durant ces dernières années, passant de 80 cas pour 100.000 habitants en 1993 à 120 cas pour le même nombre d’habitants, dans les années 2000 ».
En plus de ces centres anticancer privés qui vont ouvrir, le ministère a aussi décidé de décentraliser la commercialisation des anti-douleurs pour les malades cancéreux et les rendre disponibles dans les pharmacies, à raison d’une pharmacie par commune qui sera autorisée à vendre ces médicaments.
Une bonne initiative, souligne le Pr Djillali Louafi « puisque la vente des morphines dans les officines a été toujours notre revendication, nous les oncologues, dans le seul but de décentralisation et soulager ainsi les malades par une disponibilité qui soit à leur portée ».
Mokhtaria Bensaâd