Des centaines de personnes répondent à Paris à l’appel du collectif « 24 heures sans immigrés »

Des centaines de personnes répondent à Paris à l’appel du collectif « 24 heures sans immigrés »
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L’esplanade de l’hôtel de ville de Paris a vécu lundi une ambiance particulière à l’occasion du rassemblement initié par le collectif « 24 heures sans nous » pour souligner l’apport des immigrés à l’économie française.

Des centaines de personnes se sont données rendez-vous sur cette esplanade pour répondre, dans une ambiance bon enfant et très colorée, à l’appel de ce collectif qui se définit comme « un mouvement citoyen indépendant » composé d’immigrés, de leurs descendants et de citoyens français solidaires.



Devant une table dressée par les membres du collectif, les participants à ce rassemblement s’empressent d’acheter le tee-shirt noir frappé en lettres blanches du slogan « 24 heures sans nous » pour l’enfiler sur place avant de participer à des marches autour de l’esplanade. De petits rubans jaunes et des autocollants proposés également à la vente connaissent un franc succès.

Des groupes se sont formés par-ci et là pour discuter de cette action. Les médias étaient présents en force pour couvrir l’évènement.

Les membres du collectif étaient très sollicités par les journalistes. Ils se sont prêtés avec sollicitude au jeu des questions-réponses. Nadia Lamarkbi, présidente du collectif, a souligné l’importance de cette journée sans immigrés et la nécessité d’abandonner certains stéréotypes.

« Qu’on arrête de considérer les immigrés comme des clandestins, des sans-papiers, comme des appendices externes à la société et des gens qui viennent squatter le système », a-t-elle indiqué à l’APS, soulignant que « les immigrés veulent vivre en paix et veulent continuer à travailler.

Ils veulent qu’on reconnaisse qu’ils contribuent à la création de la richesse de la France en travaillant, en consommant et en participant à la vie sociale et économique de ce pays ».

« Pourquoi ne pas prendre en compte cet aspect de l’immigration plutôt que de s’arrêter aux aspects négatifs ? », s’est-elle interrogée. Pour Nadia Lamarkbi, l’idée d’organiser cette journée a pris de l’ampleur pour devenir « une affaire européenne ». « Notre appel lancé sur Facebook a pris une autre dimension.

Le réseau Internet n’ayant pas de frontières a permis à d’autres personnes de s’approprier notre idée dans d’autres régions de France, en Italie, en Espagne et bientôt en Allemagne et en Belgique », a-t-elle expliqué, précisant que « chaque personne peut être porteuse de ce mouvement. S’arrêter de travailler ou de consommer durant une journée est une décision individuelle.

Toutes ces actions individuelles mises bout à bout donneront inévitablement naissance à un acte politique ».

Insistant sur le caractère symbolique de cette action, la présidente du collectif mesure l’impact de cette journée par ses retombées psychologiques.  » Si on arrive à déconstruire tous les imaginaires autour de l’idée de l’immigration, ce résultat vaudrait tous les chiffres et les statistiques du monde », a-t-elle expliqué.

Fort de leur succès, les organisateurs de cette « protesta » ne comptent pas s’arrêter à cette première sortie sur le terrain. « Aujourd’hui, nous voulons alerter l’opinion publique et les décideurs. Demain, nous voulons construire un mouvement fort avec les autres collectifs européens.

Nous prévoyons une réunion pour réfléchir sur les moyens et les actions permettant de porter notre voix devant le parlement européen. C’est là que se décident les lois.

En tant que citoyens et travailleurs nous ferons des propositions sur la manière de penser l’immigration », a ajouté Nadia Lamarkbi L’idée d’initier cette action est née suite aux propos du ministre de l’intérieur Brice Hortefeux, lors du campus d’été des jeunes de l’UMP, à Seignosse, qui avait dit au sujet des arabes + quand il en a un ca va.

C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes+. Le collectif a décidé de réagir à ces petites phrases assassines qui font partie du paysage politique français. Le choix de date du 1er mars n’est pas fortuit.

« Il correspond au 1er mars 2005, jour de l’entrée en vigueur du code de l’entrée et de séjour des étrangers et du droit d’asile COSEDA.

Une loi anti-immigrés qui institutionnalise une immigration choisie sur des choix économiques », a indiqué Nadir Dendoun. Selon le journal « Le Monde », dans son édition datée du dimanche, les effectifs d’immigrés employés en France sont estimés en 2007, à près de 3 millions de personnes. Ils représentent 11,3% de la population active.

Près de 24% de cette population immigrée travaille dans le secteur des services domestiques et 23% dans les hôtels et restaurants.

« Une journée sans nous » est une action qui reprend l’idée de l’initiative similaire « A day without an immigrant », organisée aux Etats-Unis, le 1er mai 2006, pour protester contre l’administration Bush qui voulait criminaliser l’immigration clandestine.