Des centaines de personnes ont assisté à la cérémonie : La place Slimane-Azem inaugurée hier à Paris

Des centaines de personnes ont assisté à la cérémonie : La place Slimane-Azem inaugurée hier à Paris

place Azem dr_200_150.jpgIgnoré dans son propre pays, la légende de la chanson kabyle, Slimane Azem, est honorée, depuis hier, à Paris. Une place de la capitale française porte désormais son nom. Elle a été inaugurée, hier, dans le 14e arrondissement. À l’initiative de la ville de Paris, de la mairie du 14e arrondissement, de l’association Ameslay et de la Coordination des Berbères de France (CBF), des centaines de personnes ont assisté à l’immortalisation du nom du grand poète Slimane Azem.

La place se situe dans le 14e, près de la place de Catalogne, au pied de l’église Notre-Dame-du-Travail, sur la rue Vercingétorix. L’inauguration a été accompagnée de plusieurs autres activités. Ainsi, sur place, les objets du défunt poète, ses cassettes, ses photos, entre autres, ont été exposés. Un récital poétique et des débats ont été aussi au menu. Plusieurs artistes ont été de la partie. Slimane Azem, poussé à l’exil par le régime de Boumediene, s’était installé à Paris. Son exil était suivi d’une censure systématique de toute son œuvre. Seule Radio Paris diffusait ses chansons. Poète de talent et musicien hors pair, Slimane Azem a su conquérir le cœur du public malgré l’interdiction qui frappait ses œuvres.

Il est né le 19 septembre 1918 à Agouni Gueghrane, dans la région des Ouadhias, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Fils d’un modeste cultivateur, tout petit, Slimane Azem s’initiait déjà à la musique.

À l’âge de 11 ans, il devient employé agricole chez un colon de Staouéli, à Alger. En 1937, il débarque à Longwy et trouve un travail comme manœuvre dans une aciérie avant d’être mobilisé à Issoudun. En 1940, il est réformé et s’en va à Paris où il est embauché comme aide électricien dans le métro. Grâce à sa persévérance, il a réussi à s’imposer sur la scène artistique, jusqu’à devenir une icône incontestable de la chanson kabyle. Son riche répertoire, composé de plusieurs centaines de chansons, est une source d’inspiration intarissable aux artistes de la jeune génération.

Décédé le 28 janvier 1983, il a été enterré à Moissac. Slimane Azem — comme d’autres grandes figures artistiques algériennes —, le simple fait d’évoquer son nom était considéré comme “une atteinte à l’ordre public”. Censuré de son vivant, ignoré après sa mort, cet artiste a pu, n’en déplaise aux champions de la censure et de l’amnésie, inscrire son nom en lettres de lumière dans les mémoires et les cœurs.

M. M