Alors que le ministère de l’Intérieur avait annoncé un millier d’arrestation parmi les rangs des émeutiers un peu partout sur le territoire national, leur présentation devant les juges a d’ores et déjà commencé dimanche dans certaines villes du pays. Des familles des prévenus réclament leur libération.
A Oran, deuxième ville d’Algérie, la présentation des 135 émeutiers arrêtés qui devait avoir lieu aujourd’hui a été reportée. Les proches des interpellés de ces quatre derniers jours s’étaient rassemblés devant le siège de la sûreté de wilaya pour demander la libération de leurs enfants.
D’autres parents se trouvaient face au tribunal pour la même raison. A Relizane, 14 jeunes émeutiers ont été interpellés par les brigades anti-émeute, durant les échauffourées qui ont éclaté, samedi dernier, peu après 20 heures. Quant à Sidi Bel-Abbés, ce sont 58 jeunes émeutiers qui ont été interpellés avant d’être arrêtés. Ils seront présentés jeudi prochain devant le procureur de la République près le tribunal de Sidi Bel-Abbés.
A Saïda, 42 jeunes émeutiers ont été arrêtés par les éléments de la police relevant de la sureté de wilaya. Ils seront entendus incessamment dans le fond par le magistrat instructeur près le tribunal de Saida. A Béchar, 45 émeutiers ont été interpellés par la police, 29 jeunes le vendredi et 16 autres le samedi. A Tlemcen, ce sont près de 70 manifestants qui ont été appréhendés par la police.

Les prévenus, qui comparaitront en citation directe, risquent de lourdes peines de prison pour vol, destruction des biens de l’Etat ou encore pour attroupement illégal.
Dans un communiqué rendu public dimanche 9 janvier, le RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie) condamne cette arrestation et « exige la libération totale et inconditionnelle de tous les détenus » arrêtés ai cours des dernières émeutes. « Le RCD condamne avec la plus extrême vigueur les rafles de ces jeunes qui sont d’abord les victimes de la politique d’un système qui s’est imposé depuis un demi-siècle par les fraudes, la corruption, la censure et l’abus d’autorité ; autant de violences qui ont accablé le peuple algérien. », peut-on lire dans le document ( lire ci dessous)
Le ministre algérien de l’Intérieur, a annoncé dimanche que 736 personnes ont été blessées dans les rangs de la police et 53 blessés parmi les manifestants. Il a aussi confirmé le décès de trois jeunes, à M’sila, Tipasa et Boumerdès. Un quatrième jeune est mort par balle samedi dans la région de Tiaret.
La déclaration du RCD : Répression, irresponsabilité et démagogie
Des centaines d’arrestations de jeunes, parmi lesquels des mineurs, sont opérées dans la quasi-totalité des wilayas. Ces arrestations, accompagnées souvent de brutalités, sont commises en violation de toutes les lois en vigueur. Des jeunes ont été enlevés en pleine nuit à leur domicile et présentés aussitôt devant la justice sans la moindre information pour les parents ni assistance judiciaire.
« Le RCD condamne avec la plus extrême vigueur les rafles de ces jeunes qui sont d’abord les victimes de la politique d’un système qui s’est imposé depuis un demi-siècle par les fraudes, la corruption, la censure et l’abus d’autorité ; autant de violences qui ont accablé le peuple algérien. »
Au lieu de prendre la mesure du désespoir et de la colère d’une jeunesse oubliée, privée de lieux de loisirs et réduite à se jeter à la mer pour fuir un enfer quotidien, le pouvoir improvise une série de mesures démagogiques, incohérentes et choquantes. A titre d’exemple, l’exonération de l’IBS n’aura aucun effet sur la baisse des prix puisqu’elle concerne un prélèvement annuel sur le chiffre d’affaire. Cette disposition ne profitera qu’à la production et/ou la distribution. Certes, le jeune algérien, comme beaucoup de citoyens, souffre de la cherté de la vie mais il souffre aussi de hogra, de privations de libertés d’expression et d’association et demande à être reconnu et respecté dans ses droits et devoirs. Les mesures annoncées par le gouvernement sonnent comme une insulte qui réduit l’Algérien à un tube digestif. Nos concitoyens ont le droit d’accéder à un pouvoir d’achat décent mais le gouvernement oublie que l’Algérien a aussi une tête et un cœur.
Dans l’immédiat, le RCD :
1- Exige la libération totale et inconditionnelle de tous les détenus ;
2- Appelle l’ensemble des patriotes à rester mobilisés pour donner une traduction organisée et adaptée au soulèvement de la jeunesse ;
3- Engage son groupe parlementaire à demander un débat général à l’Assemblée nationale sur les véritables origines d’une crise qui déstabilise et ensanglante la Nation ;
4- Invite les partenaires de l’Algérie à se garder de tout propos, décision ou démarche pouvant disculper ou réduire la responsabilité du pouvoir en place dans ce nouveau désastre.
Le RCD entreprend d’ors et déjà des contacts avec toutes les forces politiques et sociales persuadées que la prolongation du statu quo ne peut mener qu’à l’enterrement de l’Algérie démocratique et sociale pour laquelle se sont battues et sacrifiées des générations entières.