La guerre anti-stups menée par les Sections et Brigades de recherches et d’intervention a permis le traitement de 400 affaires liées au trafic de cannabis, le démantèlement de nombreux réseaux, la récupération de trois tonnes de kif traité et l’arrestation de 276 trafiquants en deux mois (février et mars), selon un nouveau bilan des services de sécurité.
Le cannabis, cette drogue qui «fait un tabac» en Algérie. Introduite depuis le Maroc qui fait semblant de lutter sans «relâche» contre ses trafiquants de drogue, cette plante, retapée pour devenir une poudre, à su gagner le cœur de 500 000 Algériens. En dix ans, plus de 300 000 jeunes Algériens ont été arrêtés et jugés pour avoir consommé et dealé cette drogue. S’agit-il d’une stratégie politique menée par les autorités marocaines pour donner de la joie afin d’exercer une pression sur Alger ou d’un pur commerce dont elles tirent profit ? Ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui la drogue rapporte beaucoup au voisin marocain. Chaque année, la caisse est renflouée au Maroc avec à la clé une dizaine de milliards d’euros, de quoi investir dans le social. Cet apport lucratif important est la première source de revenu au Maroc, le secteur du tourisme vient en seconde place. Comment le Maroc peut-il se passer de ces milliards d’euros ? En effet, dans les villes marocaines frontalières avec l’Algérie, Oujda par exemple, le cannabis est le revenu principal de la ville. D’ailleurs, selon une étude faite par les Nations unies (ONU), près de 50 000 familles marocaines vivent grâce aux revenus de kif traité. Cette preuve solide s’ajoute à celle vécue sur le terrain. En un an, près de 1 000 tentatives d’acheminement de drogue vers le territoire algérien ont été déjouées par les services de sécurité. Les réseaux marocains de trafic de cannabis utilisent tous les moyens de transport et presque toutes les voies pour tenter d’infiltrer des tonnes de drogue. En 2011, les gardes-frontières algériens (GGF) sont parvenu à intercepter quelque 60 tonnes de cannabis, ce qui représente, en somme, quelque 900 millions d’euros. Les réseaux de trafic de drogue, eux, utilisent des baudets, des zodiaques, des semi-remorques et parfois même des hélicoptères pour faire passer des commandes.
«Tchoutchna» et «thouar» la nouvelle génération de drogue
Comme les constructeurs de véhicules de renom exposant leurs produits de dernière génération, les trafiquants de droguese sont lancés dans la même voie pour présenter leurs dernières «marques» de drogue. Autrefois, le kif et le cannabis traités étaient présentés par les trafiquants marocains à leurs clients comme étant des drogues de meilleure qualité. Aujourd’hui, les trafiquants marocains présentent le dernier cri, la «tchoutchna» et «thouar», qu’ils qualifient de drogue de dernière génération. Etonnant. Pis, un gramme de cette drogue coûte à peu près 2 000 DA. Face à cette marque de drogue, les drogues dures, telles que la cocaïne, l’héroïne et le crack, font une apparition inquiétante dans l’Algérois. Sur ce plan, il est à rappeler qu’’un gramme de cocaïne est vendu par les trafiquants entre 6 500 à 8 500 dinars. L’héroïne circule également dans les quartiers les plus huppés de la capitale. A 8 500 DA/gr, l’héroïne est convoitée par les personnes richissimes, toutefois de petites quantités circulent afin d’éviter de se faire attrapper par les services de sécurité. En effet, durant l’année 2011, quelque 10 kg de cocaïne et près de 9 kg d’héroïne ont été saisis par les unités de police dans l’Algérois. Autre détail important, la plupart des réseaux de trafic de drogue dure sont des filières africaines qui arrivent à infiltrer par voie terrestre ou sur des vols d’Air Algérie des quantités sous forme de capsules «bourrées» d’héroïne.
Par Sofiane Abi