Des cancéreux en détresse, les médicaments antidouleur introuvables

Des cancéreux en détresse, les médicaments antidouleur introuvables

Les médicaments antidouleur «lourds» destinés aux cancéreux sont indisponibles et certains comme le Temodal, prescrit aux malades atteints de tumeurs cérébrales, et le Temgesic sont en rupture de stock au niveau des pharmacies centrales des hôpitaux.

Des patients souffrent de douleurs et passent des nuits blanches en raison du manque de ces médicaments indispensables. Une malade atteinte d’une tumeur au pancréas ne supportant plus sa douleur a été évacuée au service des urgences d’un hôpital où on lui a administré une injection de Spasfon pour calmer sa douleur.

N’arrivant plus à manger, ni à dormir, elle se plie de douleurs sous les regards impuissants de ses proches qui ne savent pas quoi faire.

Un autre cancéreux venant de la wilaya de Khenchela et qui se soigne au Centre Pierre et Marie Curie (CPMC), a confié qu’à chaque consultation mensuelle, il stresse car il sait qu’il aura beaucoup de difficultés pour se procurer ces «perles rares».

Le médecin traitant lui prescrit le Temodal pour lequel il doit user de ses connaissances pour se procurer les deux boîtes nécessaires pour son traitement d’un mois.

Ses proches et ses amis se mobilisent pour chercher ce médicament mais c’est auprès de ceux qui sont installés à l’étranger qu’il se les procure souvent.

Les membres de la famille font également une tournée au niveau des associations pour, à la fois, les alerter et tenter de trouver ces antidouleurs.

Ce malade vit cette situation depuis plusieurs mois, accentuant sa douleur morale et physique. «Ma maladie me fait souffrir et le manque de médicaments ne fait qu’aggraver ma détresse», soupire-t-il.

Sa maladie l’a obligé de vendre sa voiture pour effectuer un traitement en radiothérapie chez le privé, mais le manque de médicaments compromet sérieusement l’efficacité de son traitement.

Craintif, il révélera qu’il redoute la dégradation de son état de santé car un autre malade a perdu la vue car il n’avait pas pris le traitement nécessaire.

Pas de médicaments antidouleur dans les pharmacies

Cependant, les multiples assurances du ministre de la Santé quant à la disponibilité des médicaments pour les cancéreux notamment, ne semblent être que des propos puisque la réalité est tout autre sur le terrain.

La décision prise lors d’un Conseil interministériel, présidé par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en octobre 2012, pour assurer la disponibilité dans les officines de certains médicaments antidouleur destinés aux cancéreux n’a pas été appliquée.

Une trentaine de médicaments en forme sèche et des médicaments anticancéreux et d’antalgiques (antidouleur) devaient être disponibles en pharmacie à travers tout le territoire national et remboursés par la Sécurité sociale. Mais un an après, «rien n’a été fait», selon des pharmaciens.

Contacté à ce sujet, Salah Eddine Menaâ, porte parole du Syndicat national des pharmaciens d’officine (Snapo), a indiqué que certains médicaments antidouleur sont produits par le groupe Saidal sous forme générique, mais en petites quantités.

Il explique que certains médicaments antidouleur ne sont disponibles qu’au niveau des pharmacies centrales (PCH) ou celles des hôpitaux.

Mais les tournées des malades à la recherche de ces antidouleurs dans les officines prouvent, selon lui, ce manque.

Concernant la décision de la commercialisation de ces médicaments antidouleur par les pharmacies, M. Menaâ a avoué que la mesure telle qu’elle a été proposée par le ministère a été rejetée par le Snapo, qui exigeait sa généralisation à toutes les pharmacies, alors que le ministère voulait la limiter à une pharmacie par commune.

«Nous avons demandé que la vente soit autorisée pour toutes les pharmacies, à l’exception de celles qui refuseraient pour des raisons sécuritaires à cause de leur emplacement», a-t-il ajouté, avouant que la disposition n’a pas été appliquée finalement.

«Ça n’a pas marché et aucune officine ne vend les antidouleurs destinés aux cancéreux», soulignera-t-il renouvelant la demande du Snapo de généraliser l’application à toutes les pharmacies.

Il a relevé, par ailleurs, que le marché du médicament enregistre «une certaine stabilité» qui demeure précaire puisque son approvisionnement fait face à des dysfonctionnements.

Les stocks de certains médicaments sont une nouvelle fois en rupture comme les antispasmodiques tels que le Spasfon injectable prescrit pour les douleurs, le Colpotrophine, introuvable depuis 3 ans, et le Colposeptine. Ce syndicaliste reconnaîtra, cependant, que les médicaments antidouleur demeurent un vrai «problème» à résoudre.

Karima Sebai