L’opération de relogement a provoqué la semaine dernière des émeutes dans le quartier de Diar Echems, sur les hauteurs d’Alger. Une partie de la population de ce quartier populaire avait refusé d’être relogée à Birtouta.
Une autre a accepté d’y vivre. L’APS y a dépêché un reporter sur place.Nous publions le reportage de l’agence.
Reportage. Une ambiance de joie et de satisfaction règne dans les cités des 100 et 300 logements à Birtouta (ouest d’Alger) où plus de 400 familles qui occupaient des habitations précaires à Diar Echems (El Madania) ont été relogées mercredi.
Remerciant Dieu de l’avoir comblé de ce logement après 50 années passées dans un « appartement » à Diar Echems, Amari Ahmed, père de famille bénéficiaire d’un F4 qu’il nous faisait visiter, n’a pas pu contenir sa joie. « Aujourd’hui commence une nouvelle vie car le rêve longtemps caressé de garantir à mes enfants et mes petits enfants une vie décente est enfin réalisé », a-t-il dit en regardant sa femme.
« J’ai attendu des années durant et je n’ai jamais perdu espoir », dira l’épouse de Hamadi qui s’excuse de ne pas avoir de boisson ou de gâteaux à nous servir. « Nous avons emménagé hier seulement, nous n’avons pas encore récupéré tous nos meubles et effets », explique-t-elle.
Nous sortons de l’appartement et nous jetons un coup d’œil autour de nous, des femmes s’affairaient à nettoyer les fenêtres lançant des youyous pour exprimer leur immense joie de voir enfin le rêve de leur vie réalisé alors que d’autres attendaient l’arrivée du reste de leurs mobiliers dont le transport est assuré par les autorités locales qui ont mobilisé tous les moyens nécessaires au bon déroulement de l’opération.
Nous saluons un groupe de femmes dans la cité et nous leurs présentons nos félicitations pour le nouveau logement. Fatima nous répond avec une grande amabilité et nous dit qu’elle trouve la cité « très belle » et que les chambres des appartements étaient très spacieuses au grand bonheur de toute la famille.
Et à Houria, autre bénéficiaire, d’intervenir pour nous expliquer que la qualité de réalisation de plusieurs appartements était « très mauvaise » et que les « finitions » n’ont pas été menées à bien par les promoteurs chargés de la réalisation de ces habitations.
Un grand nombre d’habitants ont contacté, la nuit d’hier et ce matin, les services des eaux pour signaler des infiltrations dans le réseau des eaux, nous dira un habitant de la cité à ce propos.
Ce quadragénaire affirme que l’appartement qui lui a été attribué était « incommode ». « J’ai passé la nuit à ramasser l’eau infiltrée dans l’appartement, a-t-il explique, appelant les parties concernées à accélérer la prise en charge de ce problème ».
Il faut faire preuve de patience et travailler pour y garantir la sécurité
La cité des 300 logements de Birtouta est une cité de « haut standing », estiment plusieurs habitants de la cité. Son emplacement dans la grande cité des 1680 logements et a proximité de la cité AADL au nord, lui confère « un cachet particulier ».
Nous espérons que tout un chacun œuvre à garantir les conditions idoines à une vie décente au sein de notre quartier, a souhaité Mourad qui affirme que les habitants ont convenu de la formation d’une commission qui prendra en charge leurs préoccupations et leurs aspirations après la fin de l’opération de déménagement.
« Nous avons souffert pendant des dizaines d’années et nous refusons que l’insalubrité et le laisser aller gagnent notre cité », a martelé Mourad, ajoutant à l’adresse d’un groupe d’habitants, « nous devons nous entraider et veiller à la sécurité de nos enfants dans l’intérêt de tous ».
Dans un échange de vues à propos de leur nouvelle vie, certains ont exprimé leur satisfaction et leur joie alors que d’autres regrettent « leur vie » à Diar Echems et disent avoir la nostalgie de cet endroit qui leur évoque beaucoup de souvenirs.
« La vie d’ici bas est éphémère mes enfants » leur dit Hadja Aljia, une octogénaire qui interrompt leur discussion pour les appeler à s’entraider avant d’ajouter « nous devons accepter ce que Dieu nous a donné ». Certains riront, d’autres l’embrasseront sur le front.
Des habitants de la cité estiment à ce propos que les autorités locales « font leur possible pour garantir un logement pour chaque citoyen algérien » appelant en même temps les personnes ayant bénéficié de logement « incommode » de faire preuve de patience et demander de l’aide. « Nous remercions Dieu pour ce logement…Ceci dit, nous aurons souhaité mieux », a confié une femme du quartier qui achetait des détergents chez un vendeur ambulant.
La scolarisation des enfants… le grand problème
La majorité des habitants de Diar Echems relogés à Birtouta que nous avons contactés, appellent le ministère de l’Education nationale à prendre en charge le problème de scolarisation de leurs enfants.
« Je ne serais pas tranquille tant que mes deux enfants Hani et Oualid n’ont pas bénéficié d’une place pédagogique », dira Belkassem, cadre dans une société nationale. « Mes deux enfants sont toujours dans leurs anciens établissements à Diar Essaada. Je n’ai pas voulu les inscrire ici à Birtouta, car l’endroit m’est étranger et je ne connais pas très bien le niveau de scolarisation dans cette commune », a ajouté le père de famille avec amertume, appelant la tutelle à la prise en charge « effective » des enfants des relogés.
A 200 mètres des deux cités, se trouve la nouvelle école primaire des 1680 logements qui a été réalisée pour accueillir les élèves à partir de dimanche prochain. L’établissement est doté de 12 classes.
S’agissant de l’opération d’inscription dans cette école qui a débuté jeudi, le directeur a précisé que l’établissement peut accueillir 420 élèves à raison de 40 élèves par classe, ce qui permettra, a-t-il dit, d’assurer une place pédagogique pour tous les enfants des relogés.
Le responsable n’a pas écarté la possibilité de recourir au système d’alternance le cas échéant, rappelant l’existence de deux autres écoles (18 février et Addache) dans la région qui abrite les deux cités, ce qui permettra, a-t-il ajouté, d’ « assurer la scolarisation de tous les élèves ».
Des parents rencontrés dans cette école, ont souhaité que leurs enfants puissent maintenir le même rythme scolaire qu’auparavant, appelant le ministère de l’Education à accélérer la réalisation d’établissements scolaires pour les cycles moyen et secondaire qui connaissent une grande charge.
Bien que la réalisation de ces établissements n’entre pas dans les prérogatives du secteur de l’Education, le ministre s’est toutefois engagé, en collaboration avec le wali d’Alger, à assurer le transport des élèves dont les parents souhaiteraient que leurs enfants poursuivent leur cursus scolaire dans leurs anciens établissements, en attendant le parachèvement des établissements scolaires.