Ahmed Ouyahia est en ce moment dans l’œil du cyclone. Alors que son avenir à la tête du gouvernement est des plus aléatoires, des cadres au niveau national ont rendu hier un long communiqué dans lequel ils exigent tout simplement son départ de la direction du parti.
« Initiative pour rendre le RND à ses militants » est l’intitulé de cette lettre de quatre feuillets qui se veut comme un «mouvement de sauvegarde du RND». Le ton est donné dans les premières lignes de cette lettre au vitriol contre « la gestion autoritaire » d’Ouyahia.
«Pour nous militants du RND, l’instant est grave et déterminant. L’heure du bilan a sonné. Voici venu le temps de la décision » disent-ils.
Les signataires de la lettre, profitant des dernières législatives estiment qu’il «est vital pour le parti de marquer une halte pour faire nécessairement le diagnostic de ce mal qui ronge le RND de l’intérieur, et ce , afin d’identifier la cause du mal de cette régression progressive».
Dépositaires du serment des pères fondateurs
Les auteurs de la lettre se présentent comme des «militants authentiques du RND, dépositaires du serment des pères fondateurs, tombés pendant la décennie noire , victimes du devoir, nous nous mobilisons en toute conscience , en toute responsabilité pour tracer consensuellement la marche à suivre afin de sauvegarder notre formation politique et la réhabiliter sur la scène nationale».
Les préliminaires étant posés, ces cadres ont rappelé dans quelles conditions historiques ce parti a été créé, en rappelant la crise politico-sécuritaire de l’époque qui avait créé un vide institutionnel.
«Des citoyennes et des citoyens ont alors décidé de remplir ce vide politique mortel en créant le RND qui organisait avec ses rangs de nationalistes inconditionnels de l’Algérie, la défense politique de la patrie en danger. Des algériennes et des algériens de toutes origines et de toutes les conditions vinrent renforcer notre parti et se mettre au service de la nation : paysans, retraités, universitaires, jeunes, artistes, diplomates, fonctionnaires, entrepreneurs, moudjahidine, hommes politiques » lit-on à ce propos.
Après ce rappel historique, le constat actuel. «15 ans après la fondation du RND, les chiffres parlent d’eux-mêmes et rendent compte d’une intolérable descente aux enfers , d’une inadmissible dégringolade : nous avons perdu 50% des sièges de députés, 75% des sièges de sénateurs, 470% des APC et 60% de nos APW. Les prochaines élections locales s’annoncent déjà comme devant être très mauvaises pour notre parti».
« La désillusion et la sinistrose hantent l’esprit des militants »
Et les promoteurs de cette initiative de s’interroger : « Comment est-on arrivé là en situation où des nouvelles adhésions au parti sont inexistantes, où les structures du parti vacillent à chaque poussée électorale adverse où la désillusion et la sinistrose hantent l’esprit des militants actuels».
Puis de répondre à la question : «Ce recul est le fruit d’une gestion chaotique et hasardeuse du parti menée selon un mode tout à fait privatif. Cette gouvernance est par ailleurs non statutaire, antidémocratique et hypercentralisée .Elle n’a pas manqué de générer des résultats catastrophiques ».
Cet état de fait catastrophique est mis au débit d’Ouyahia. Les auteurs de la lettre n’y vont pas de main morte avec lui. « De chef de parti, Mr Ouyahia est devenu chef de bande, prédateur politique féroce et étiqueté, à l’appétit insatiable et avec une violence gratuite car injustifiée».
Le réquisitoire contre Ouyahia se poursuit. Ses contradicteurs l’accusent d’être habité par une ambition « non pas pour le pays mais pour lui-même. Cette ambition déraisonnable, démesurée, car délirante entraîne dans son sillage le délabrement du parti ».
Enfin les auteurs de la lettre se défendent de tout « règlement de compte » mais considèrent qu’ « un changement à la tête du parti est indispensable ». « C’est un acte de salubrité politique » est-il encore dit