Le président-directeur général du groupe Sonelgaz, Noreddine Bouterfa, contrairement à sa retenue habituelle, n’est pas content et il le fait clairement savoir.
Certaines filiales du groupe vivent une situation kafkaïenne, selon des explications fournies, hier, par Bouterfa à l’occasion de la présentation du rapport d’activités et des comptes consolidés de l’année 2011 des sociétés du groupe.
Ce qui irrite le plus le responsable de Sonelgaz, c’est la condamnation par la justice de certains PDG de filiales à cause de rapports douaniers sur de prétendues surfacturations de matériel ou de transport maritime.
Bouterfa qui s’est abstenu de commenter ces décisions de justice, estime cependant que le code des douanes est devenu désuet à telle enseigne que des responsables de Sonelgaz sont trainés injustement devant les tribunaux pour des faits qu’ils n’ont pas commis.
C’est le cas notamment, dira Bouterfa, du PDG d’une filiale qui a été condamné à une année de prison ferme pour « transfert illégal de devises à l’étranger » sur la base d’un rapport des douanes qui avaient constaté que les frais du transport maritime d’un matériel commandé par la société était élevé.
Invité à s’expliquer, le PDG incriminé dira que sa filiale a simplement commandé un matériel «clé en main» en s’acquittant d’une facture globale.
«La lutte contre la fraude est devenue réellement contraignante pour le développement» lâche Nordine Bouterfa qui ajoute «qu’on est en train de faire de faux procès aux gestionnaires».
Le responsable du groupe Sonelgaz s’est élevé également contre le fait que c’est toujours les gestionnaires des entreprises du groupe qui portent le chapeau dans des affaires qui ne les concernent pas.
Il citera notamment l’exemple des habitations construites sur des canalisations de gaz. « Si on coupe le gaz c’est l’émeute et s’il y’a une explosion c’est le responsable de Sonelgaz qui sera mis en prison parce qu’il n’a pas coupé le gaz » dira Bouterfa qui lance « qu’on ne peut pas travailler dans la suspicion à tous les niveaux ».
Excédé, le premier responsable de Sonelgaz dira qu’il existe « des gens qui racontent les mêmes salades depuis toujours », en soulignant toutefois qu’il est pour des enquêtes de la police, de la gendarmerie et du DRS mais dans la sérénité.
UN DEFICIT DE PLUS 55 MILLIARDS DE DA
Le groupe Sonelgaz affiche un déficit de l’ordre de 55,5 milliards de DA en 2011.
Ce déficit est du principalement aux créances détenues auprès des administrations publiques.
Le total des créances détenues par Sonelgaz a été arrêté à 35 milliards de DA dont 14 milliards uniquement auprès d’institutions de l’état.
Le chiffre d’affaire brut réalisé par les sociétés du groupe s’élève à 356 milliards en 2011 alors que les charges brutes ont atteint 397 milliards de DA à la même période.
Il apparait ainsi, estime t-on à Sonelgaz, que l’ensemble des sociétés dont les activités sont régulées enregistrent, en raison du gel des tarifs depuis 2005, des déficits importants.
Les déficits cumulés des sociétés de distribution, ajoute-on de même source, ont induit une situation de « quasi-faillite » au sens du code de commerce d’au moins deux filiales à savoir la SDA et la SDO.
« Afin d’aboutir à un règlement structurel de la situation financière du groupe, les pouvoirs publics seront une nouvelle fois sollicités pour la mise en œuvre de solutions durables au règlement des conditions de couverture financière des programmes de développement et à la redéfinition des relations qui ne pénalisent plus les finances du groupe» a affirmé Nordine Bouterfa lors de son intervention qui a précédé la présentation du rapport d’activité du groupe.
Le responsable du groupe rappellera en outre que les dépenses d’investissement de certaines filiales, notamment la production, le transport et la distribution de l’électricité et du gaz, continuent d’être importantes.
L’investissement a atteint en 2011 plus de 212 milliards de DA dira Bouterfa en rappelant également que le financement du programme d’investissement a été réalisé essentiellement par des ressources financières externes (dette à long terme de l’ordre de 56%) et de ressources internes (autofinancement de l’ordre de 41%).
Il faut savoir que la dotation de l’état dans ce financement ne représente que 0,3% alors que la participation des clients de Sonelgaz n’excède pas les 2,2%
« Le niveau élevé d’autofinancement est exceptionnel. Il s’explique en grande partie par les remboursements, par l’état, du précompte TVA à hauteur de 60 milliards de DA mais aussi par le soutien de l’état à la facturation des wilayas du sud et par le préfinancement des programmes publics (23,9 milliards de DA) », note le PDG du groupe qui souligne cependant que malgré tous les problèmes auquel est confronté Sonelgaz, le taux d’électrification a atteint 99% en Algérie, soit l’un des plus importants dans le monde.
Enfin il y a lieu de noter que le montant total de l’actif consolidé du groupe s’élève à 2050,08 milliards de DA, en évolution de 14% par rapport au niveau de l’année 2010.