Des cadres dénoncent la parodie

Des cadres dénoncent la parodie

Nouvel épisode dans la crise interne qui secoue le RND depuis quelques mois. Alors qu’il ne reste qu’une quinzaine de jours avant la tenue du congrès extraordinaire, l’un des farouches adversaires d’Ahmed Ouyahia, Kacem Kebir, vient de signer une autre déclaration incendiaire, dans laquelle il fustige sa politique « d’exclusion » et dénonce sa propension à « fabriquer » ce congrès depuis le début.

Ce fondateur du parti, qui fut parmi les premiers opposants à Ouyahia il y a plus de 15 ans, estime que le Congrès du 5 mai prochain est un leurre, car les congressistes, venus de la base et élus par elle, ont été « désignés » pour imposer Ouyahia comme secrétaire général ;

Pour de nombreux contestataires, comme le dit Kebir, il y a maldonne, dès lors que les militants n’ont pas choisi leurs délégués sur la base de vote démocratique ou d’un consensus préalable. Ce n’est guère un hasard si certains bureaux locaux et régionaux parfois contestent les désignations de coordinateurs et appellent la direction nationale à revoir ses choix.

Dans son dernier « bayane » diffusé il deux jours, le vieux cadre et membre du conseil national du parti, Kacem Kébir, interpelle les « consciences du RND » sur les dérapages actuels et le caractère « non démocratique » dans les préparatifs du congrès extraordinaire, estimant que tout a été « cousu » et « affiné » et que les travaux de ce congrès ne seront rien d’autres que des « scènes » pour « plébisciter » Ouyahia, s’interrogeant sur la nécessité d’imposer le mode de scrutin à bulletins secrets alors que le tour est déjà joué et que la messe est dite depuis belle lurette.

Sinon comment expliquer que lors des rencontres régionales les délégués plébiscitent publiquement Ouyahia comme leur chef, alors que ces congrès régionaux devraient être consacrés comme des occasions « démocratiques » pour débattre des questions délicates du parti, de sa place dans la société, chez la jeunesse et surtout de l’avenir du RND dans une configuration politique qui risque de changer en raison de la conjoncture économique et sociale ?

Les observateurs savaient que depuis longtemps ce genre de débat au sein du second parti du paysage national a disparu. Pas uniquement au niveau du RND, mais dans la plupart de nos partis politiques qui postulent pourtant à prendre le pouvoir par les urnes.

Ainsi, les contestataires dénoncent la parodie de ce congrès qui ne verra aucune surprise organique, même si Mellah joue les trouble-fêtes ou le faire-valoir « démocratique » en présentant sa candidature aux élections au poste de SG. Mais Mellah est-il conscient que les dés sont pipés ? Croit-il vraiment à un vrai scrutin, alors que les congrès régionaux lui ont montré tout le contraire ?

D’un autre côté, un autre cadre du RND, Djafri Arezki, a dénoncé son exclusion et le refus par la commission spécialisée de valider sa candidature. Selon son communiqué diffusé avant-hier, le prétexte du refus aurait été sa participation aux législatives de 2012 sous les couleurs d’un autre parti politique rival, sur la base d’un règlement nouveau, non encore adopté par le congrès comme le stipulent les statuts du parti.

Il dénonce ainsi une exclusion sur la base d’un article antidaté de ce règlement intérieur, alors que le dépôt de son dossier de candidature est antérieur à l’adoption de cette décision, de surcroît dans un congrès régional tenu récemment. Pour ce cadre, il y a une volonté délibérée de mettre à l’écart les opposants à Ouyahia et surtout à lui libérer la voie vers un mandat, n’en déplaise à Mellah, l’ancien secrétaire d’Etat à la Jeunesse et poulain de l’ex-ministre de l’Education Benbouzid.

Il semble que l’atmosphère au sein du RND soit des plus sombres et qu’il faudra plus qu’un congrès, fut-il extraordinaire, pour assainir les rangs et ramener la sérénité organique interne. Déjà, des voix évoquent l’éventualité « d’une chasse aux sorcières » qui va accompagner les résultats de ce congrès, ainsi que le début d’une longue campagne d’assainissement organique, prélude aux batailles législatives et communales qui pointent à l’horizon.