Un comité chargé de mener une campagne nationale de sensibilisation de la jeunesse aux fléaux de la drogue a été installé samedi au cours d’une conférence de presse tenue par Mustapha Farouk Ksentini président de la Commission consultative nationale pour la promotion et la protection des Droits de l’homme (CCNPPDH).
Cette campagne, dont le lancement est prévu à la prochaine rentrée scolaire, sera animée à l’initiative d’avocats à travers les établissements scolaires « pour atténuer le phénomène de la drogue devenu un problème de santé majeur en Algérie ».
M. Ksentini a ajouté que des dizaines d’affaires sont inscrites quotidiennement au rôle des tribunaux et que la Loi 18-04 relative à la drogue promulguée en 2004 n’a pas permis de mettre un terme à ce fléau « en dépit du grand nombre de jeunes mis en prison », d’où la nécessité de réviser ce texte de Loi.
« Les plaidoiries dans les affaires de drogue s’avèrent quasi impossibles », a-t-il souligné se référant dans ses propos au fait « que les magistrats se contentent de la présomption dans le prononcé des jugements souvent sévères sans les accompagner de preuves matérielles », appelant le législateur à être plus précis dans les circonstances qu’il avance.
Par ailleurs M. Ksentini a déploré le fait qu’ »aucun parti politique n’a évoqué au cours de la campagne électorale des législatives du 10 mai dernier le problème de la drogue bien que l’ouverture symbolique à Constantine d’une campagne de sensibilisation aux méfaits de la drogue ait coïncidée avec la campagne électorale.
M. Ksentini a estimé que « l’aggravation de ce phénomène est due au fait que l’Algérie est située à proximité du Maroc, ce pays étant actif dans le commerce de la drogue, appelant dans ce sillage à des pourparlers entre les deux pays pour juguler ce phénomène ».
A ce propos M. Ksentini a exprimé son « rejet d’une réouverture des frontières algéro-marocaines tant que le Maroc n’aura pas pris des mesures pour endiguer ce phénomène qui prend de l’ampleur ».
L’avocate Kawthar Krikou membre de l’Union nationale des avocats algériens (section de Constantine) a souligné pour sa part que l’organisation à laquelle elle appartient a tracé un « sérieux » programme de sensibilisation aux dangers physiques et mentaux que représente la drogue pour la santé des jeunes, de la famille et de la société de manière générale.
Me Krikou a indiqué que la campagne organisée dans les collèges et lycées de la wilaya de Constantine à partir du 10 avril dernier avait pour but de cibler le maximum de consommateurs pour les sensibiliser à leur situation et les informer des moyens mobilisés pour l’élimination de ce fléau.
L’avocate a ajouté que l’Union nationale des avocats algériens effectue un travail de « proximité » qui touche cette frange de la Société « dans la mesure où la majeure partie des consommateurs de drogue sont des lycéens et collégiens » estimant « impérieuse » l’intensification des campagnes de sensibilisation à la gravité de ce phénomène.
Des conférences et rencontres ont été programmées avec la contribution de psychiatres et services de sûreté da la wilaya, a-t-elle poursuivi.
La juriste et avocate Fatma Benbraham a estimé que le danger que représente la drogue « exige la mobilisation de toutes les énergies nationales » (avocats, associations, organisations de la Société civile, mass médias) pour sensibiliser les jeunes encore scolarisés aux dangers de la drogue.
Pour aider les consommateurs à sortir de la spirale de la drogue, Me Benbraham a plaidé en faveur de la création de centres de soins pour drogués, à l’instar du Centre de Blida unique en son genre en Algérie. Ces centres sont de nature à dispenser une prise en charge efficace tant du point de vue des soins, de la prévention que du suivi psychologique, a-t-elle ajouté.
Abordant les festivités marquant le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie M. Ksentini a revendiqué de nouveau « la criminalisation de la colonisation » soulignant que les relations algéro-françaises ne pourront s’améliorer que si la France présentait des excuses pour les crimes qu’elle a commis durant l’ère coloniale et assumait une indemnisation du retard » considérant que « c’est là le minimum de ce que la France pourrait apporter ».