Les violences armées en Libye sont entrées dans une dangereuse phase, semant plus de chaos, mais aussi davantage de confusion au sein de la population libyenne, divisée sur la réponse à apporter à cette guerre sans nom. Hier, des bombardements aériens, menés par des avions non encore identifiés, ont eu lieu à Tripoli contre plusieurs positions des milices qui se livrent une guerre sans merci autour de l’aéroport international et dans certains quartiers de la banlieue de la capitale.
Pressé par les Libyens, le gouvernement de transition affirme «tout ignorer pour le moment de l’identité des deux avions», alors que l’ambassadeur d’Italie en Libye a nié toute implication de son pays dans d’éventuelles opérations secrètes contre les belligérants, après que la presse locale ait indiqué que ces raids étaient une action coordonnée de plusieurs pays voisins, dont l’Égypte, la Tunisie et l’Italie (ancien colonisateur).
L’information publiée par la chaîne de télévision Sky News a ajouté de l’huile sur le feu. Selon cette chaîne, les bombardements de la journée d’hier ont été menés par «l’armée nationale libyenne (ANL)» de l’ancien général dissident
Khalifa Haftar, en guerre contre les islamistes du mouvement terroriste Ansar al-Charia à Benghazi. L’ANL a carrément revendiqué la responsabilité de ces raids qui ont visé des positions de miliciens à Tripoli, selon le communiqué transmis à Sky News. La chaîne de télévision locale Libya awalan (La Libye d’abord), proche du général Haftar, a confirmé l’information rapportée par la chaîne anglo-saxonne.
Elle a indiqué que «l’aviation militaire a bombardé différentes positions» près de Tripoli, sans plus de précisions, a rapporté l’AFP. De son côté l’armée libyenne a affirmé n’avoir aucun lien dans ces bombardements, a rapporté le site d’information al-Rasseefa al-Akhbar, citant une source militaire haut placée, sous couvert d’anonymat. Le même journal a mis en ligne des vidéos montrant des bombardements qui ont complètement détruit une réserve de munitions dans la région de Kasr Ben Ghechir et une base militaire occupée par des milices à Salah-Eddine, dans la banlieue de Tripoli, où les milices islamistes, venues de Misrata, tentent depuis le 13 juillet de reprendre l’aéroport international des mains des milices laïques Zenten.
Si les combats ont baissé d’intensité dans la nuit de dimanche à hier, l’accès aux zones de combat demeure quasiment impossible.
Le gouvernement de transition a imputé la responsabilité du chaos aux groupes armés, toutes tendances confondues, après avoir vainement tenté de les convaincre à accepter son appel à observer un cessez-le-feu et à se mettre à la table des négociations. Exaspérés par la dégradation de la situation sécuritaire et les blocages politiques, ainsi que par les rivalités tribales et personnes de certains leaders des mouvements politiques au Parlement, les Libyens ont décidé de reprendre les manifestations de rue.
Les manifestants ont aussi dénoncé la prolifération des milices qui ont détruit ce qui restait du passage des troupes de l’Otan en 2011, après la chute brutale de l’ancien régime du défunt guide libyen Mouammar el-Kadhafi, après neuf mois de «révolte populaire».
L. M.