Les courtiers du foncier continuent de profiter des largesses administratives en accaparant d’une manière douteuse des assiettes foncières agricoles et forestières pour les revendre illicitement à des opportunistes ou à des personnes mal-logées dont le seul but est de se trouver un toit, même en usant de combines illégales. Ce trafic bien ficelé se passe généralement dans des régions isolées, loin des yeux des autorités de wilaya et souvent avec la complicité de certains responsables qui ont, pour certaine une période, géré les affaires municipales.
Ainsi et parmi les régions gangrénées par ce fléau, on citera la localité de Mers El Kébir dans laquelle s’est rendu notre reporter, dans le but de s’arrêter sur la situation foncière et ses transgressions flagrantes.
Une fois sur place, notre correspondante s’est rendue dans le quartier communément appelé «Haï El Sahraoui», en connotation à un ancien maire de la commune, un quartier au niveau duquel les habitations illicites poussent tels des champignons, déchaînant ainsi la furie des autochtones, notamment pour l’implication de certains responsables locaux dans le dossier sulfureux du grignotement des terres agricoles et forestières par la mafia du foncier.
Ainsi, notre correspondante s’est fait passer pour une citoyenne mal-logée à la recherche d’une habitation illicite et le premier constat était de voir tous ces chantiers de constructions éparpillés, ici et là, notamment sur des assiettes forestières où la construction est quasiment interdite. Notre correspondante a très vite été approchée par un homme qui était en train d’édifier une construction illicite et ce dernier lui avouera qu’il jouait l’intermédiaire dans la construction et la vente d’habitations illicites.

Ce même interlocuteur lui confiera également qu’il pouvait construire une habitation illicite en moins de 10 jours. Concernant le branchement de ces habitations aux réseaux domestiques, cet intermédiaire indiquera que toutes les habitations disposaient de gaz, d’électricité et d’eau, une donnée permettant aux squatteurs d’acquérir des certificats de résidence auprès de la commune et régulariser ainsi leur situation foncière.
Comment donc ces habitations illicites peuvent-elles bénéficier de branchements aux réseaux domestiques, alors que leurs propriétaires ne peuvent présenter aucune attestation de propriété? Il faut savoir aussi que les autorités gouvernementales ont procédé, ces dernières années, à la régularisation foncière des constructions bâties et ce, en délivrant des actes de propriété ou en relogeant leurs occupants.
Par la suite, notre correspondante s’est dirigée vers l’annexe administrative située dans le quartier El Ouarsenis et l’une des employées lui a alors affirmé que tous les citoyens qui occupent des habitations illicites, se sont rapprochés de cette annexe pour y demander des certificats de résidence, un document qui leur a été délivré sans aucune contrainte, vu qu’ils avaient en leur possession les documents nécessaires pour son retrait, à savoir la facture d’électricité.
Après donc avoir obtenu ce certificat, ils se voient inscrits sur les registres de la mairie et obtiennent aussitôt la carte de vote. Par ailleurs, poursuivant toujours son enquête, notre correspondante découvrira également l’implication de certains promoteurs dans ce dossier et on apprendra qu’un promoteur immobilier s’était approprié 7 lots de terrain sur lesquels il avait construit des habitations illicites et qu’il a ensuite revendues à plus de 60 millions de cts chacune.
Une action frauduleuse, aidée par la complaisance des services de la commune qui lui ont ainsi facilité les procédures relatives à la construction de ces habitations et leur vente. Ces genres de transgressions sont tellement fréquentes dans la région que ces «vendeurs de sommeil» n’hésitent plus à s’accaparer de terres forestières qu’ils revendent, le soir, à des prix variant entre 10 et 12 millions de cts.
Cette poussée alarmante de bidonvilles dans la région de Mers El Kébir a engendré un conflit entre les autochtones et les occupants de ces habitations illicites et à cet effet, les premiers diront que cette situation réduit considérablement leurs chances d’obtenir un jour un logement, vu que la priorité dans le relogement est systématiquement donnée aux occupants d’habitations précaires.
Un constat amer qui fait grincer des dents les natifs de la région et certains confieront même qu’ils louaient à des prix onéreux des appartements au lieu de recourir à des pratiques illégales telles que le squat des terrains, pour y construire une habitation.
Et au lieu d’être récompensés pour leur honnêteté, ils constatent avec indignation le business mafieux qui se trame sous leurs yeux, avec la complicité de responsables locaux censés protéger les intérêts des citoyens qui les ont élus.
DJ. Samia