L’évasion de la prison de Tazoult, dans la wilaya de Batna, qui a eu lieu en 1994, semble être toujours d’actualité notamment avec la recrudescence des attentats enregistrés ces derniers temps. «Le groupe dur, issu de ce qui reste du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC ou Aqmi) est constitué en bonne partie par des détenus évadés de la prison de Tazoult, en 1994», selon une source au fait de la situation sécuritaire.
Les services de sécurité qui avaient enregistré, à l’époque, l’évasion de 1200 détenus parmi les islamistes, estiment aujourd’hui à une cinquantaine, environ, le nombre d’évadés toujours en activité au sein du GSPC ou Aqmi.
«Il s’agit d’éléments qui occupent, dans l’organisation terroriste, des postes opérationnels dans des wilayas où se trouvent des camps d’entraînement et des sortes de postes de commandement régionaux, comme dans les monts de Batna», explique cette source.
Le groupe de Batna, du GSPC ou Aqmi constitue un corollaire à la zone 9 de l’organisation terroriste, et un point de départ vers le désert algérien, le Mali et le Niger, passant par le Tassili et les autres régions du Sud algérien.
«Les évadés de la prison de Tazoult, dont un bon nombre se trouve toujours au GSPC, se chargeaient de superviser des éléments et semblent sévir autrement aujourd’hui avec, fort probablement, l’arrivée d’armes, munitions et matières explosives provenant de Libye», indique cette source.
Les détails de l’organisation de l’évasion de la prison de Tazoult, en 1994, par le GIA, avaient été connus avec l’extradition, par le Tchad et le Niger, vers l’Algérie, de deux présumés éléments de cette organisation de laquelle est issu le GSPC ou Aqmi et qui, selon l’accusation, auraient participé à l’évasion.
C’est ainsi, auraient-ils révélé, qu’après une réunion à laquelle s’étaient joints 79 terroristes du GIA sévissant dans la région comme le groupe de Taghda, avec la présence de Nabil Sahraoui, alias Abou Ibrahim, mis hors d’état de nuire, par l’Armée nationale populaire (ANP), dans la wilaya de Béjaïa,
il a été décidé l’organisation de l’attaque de la prison de Tazoult et la libération des détenus islamistes qui s’y trouvaient, au cours du mois de Ramadhan de l’année 1994. L’opération aurait eu lieu, selon les deux présumés éléments du GIA extradés, avec la complicité de deux gardiens du pénitencier, rappelle-t-on. Ces derniers étaient chargés de désarmer les gardiens de la prison au moment de la rupture du jeûne et d’ouvrir les portes aux assaillants.
Un accrochage avait eu lieu et 1200 détenus avaient pu s’enfuir, avant qu’une importante opération de recherche ne soit effectuée par l’ANP qui a réussi à arrêter des centaines parmi eux. Certains de ceux ayant échappé aux coups de filet de l’ANP se seraient repentis et nombre d’autres sont restés au maquis. Ils constituent le «noyau dur» du GSPC qui pourrait avoir opté pour une certaine «stratégie» dans la distribution d’armes, munitions et matières explosives provenant de la Libye.
C’est ainsi qu’une source crédible croit savoir qu’une partie du matériel de guerre provenant de la Libye allait être destiné à de «nouvelles recrues» et une autre partie à des «noyaux durs» du GSPC, dont d’anciens évadés de la prison de Tazoult, de façon à tenter de se relever de la défaite militaire qui leur a été infligée par l’ANP et les forces de sécurité algériennes et relancer les attentats. D’où les récents attentats terroristes.
Par Mounir Abi