Des anciens appelés du contingent français réfractaires à la guerre d’indépendance nationale se rendront prochainement en Algérie dans le but de rencontrer des anciens moudjahidine et des associations locales avec lesquelles ils entretiennent des relations de coopération, a-t-on appris mercredi à Paris auprès d’initiateurs du projet.
« Ce voyage inédit interviendra fin septembre, début octobre. Il associera environ 70 membres de notre association, des amis de l’Algérie et des Pieds noirs progressistes, avec l’objectif d’aller à la rencontre d’anciens moudjahidine et d’associations qu’on aide dans leurs actions sur place », a indiqué à l’APS Michel Berthélémy, secrétaire de l’Association des anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre (4ACG). Cette action, a-t-il précisé, se tient en dehors du travail de financement d’associations algériennes avec lesquelles la 4ACG entretient des relations.
« Le voyage, dont les grandes lignes sont tracées et qui a été déjà précédé de rencontres, plus ou moins individuelles, avec des anciens combattants algériens dont le commandant Si Hassen, est une approche purement humaine privilégiant le contact direct », a indiqué M.Berthélémy, en marge d’un colloque sur les « Résistances françaises à la guerre d’Algérie », organisé au Centre culturel algérien à Paris. Pour Stanislas Hutin, membre de la 4ACG, il s’agit, à travers cette initiative, de témoigner, surtout auprès des jeunes, pour qu’ils sachent que ça été une « guerre coloniale, inutile, perdue bien sûr, et pour que leur propre attitude vis-à-vis des conflits soit claire et nettement contre ».
« La deuxième idée de ce voyage c’est de rencontrer nos adversaires du temps et de trouver de véritables moudjahidine de ceux qui ont combattu vraiment dans le maquis nos adversaires qui, pour moi, n’ont jamais été véritablement catalogués comme mes ennemis, puisqu’ils luttaient pour l’indépendance de leur pays », a-t-il ajouté.
M.Hutin a été maintenu sous les drapeaux de retour de Madagascar et affecté en Algérie en 1955. « On ne se veut même pas combattants. On se dénomme anciens appelés, une nuance pour nous importante. On est parti en Algérie contraint, forcé, contre cette guerre », a-t-il témoigné, signalant qu’il était « très vite affronté aux méthodes perverses de l’Armée qui, sous couvert de la pacification, n’en faisait pas moins la guerre et essayer de réunir les renseignements par tous les moyens ».
« J’en ai parlé très vite, donc j’ai été aussi vite catalogué et parmi les premiers à dénoncer la torture en Algérie. Ce souvenir reste et c’est à ce titre que nous continuons de refuser cette tranche d’histoire peu glorieuse et surtout de témoigner auprès des jeunes », a-t-il ajouté A l’occasion de ce voyage et du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, un recueil rassemblant des témoignages d’anciens appelés du contingent français sur la guerre d’indépendance et devant paraitre en avril prochain sera croisé avec des témoignages d’anciens moudjahidine algériens.
La 4ACG, qui revendique 300 adhérents dont 150 anciens appelés du contingent français, a été créée en 2004 avec pour but, à partir du travail de mémoire sur la guerre d’indépendance, de réfléchir, de témoigner et d’œuvrer pour la paix.
En sont membres les anciens appelés en Algérie qui acceptent de reverser le montant de la retraite du combattant à l’association, des pensions qui sont reversées dans la réalisation de projets de développement en Algérie, notamment.
En 2011, une participation financière de 10 000 euros a été votée pour aider des femmes et des jeunes de Tizi-Ouzou à développer une activité économique locale, grâce à des prêts solidaires.
C’est l’association Touiza-Solidarité de Marseille, qui mène cette action dans l’Hexagone, en plus de correspondants dont dispose la 4ACG en Algérie. Celle-ci entretien aussi des relations étroites avec des associations de quartiers dont celle du Colonel Lotfi de Mostaganem où la 4ACG contribue à financer la formation des jeunes que ce soit par des cours de français, de maths, d’informatique ou une initiation à la pratique du football.
Pour M. Berthélémy, ces actions participent d’une volonté de « réparation, au du moins d’initier des choses positives avec nos pensions ». « La résistance que nous menons aujourd’hui est contre cette falsification qui est en train de resurgir de cette histoire de l’Algérie par le pouvoir et toutes ces associations de nostalgiques de l’Algérie française », a-t-il dit