Des Algériens protestent devant le palais de Bouteflika : « Nous ne sommes pas des voyous… »

Des Algériens protestent devant le palais de Bouteflika : « Nous ne sommes pas des voyous… »
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Chômeurs, enseignants contractuels et rapatriés de la Libye, environ 300 manifestants ont observé dans la matinée de dimanche 20 mars un rassemblement de protestation devant le siège de la Présidence, dans le quartier d’El Madania sur les hauteurs d’Alger.

Les premiers réclament un emploi, les seconds des contrats de longue durée et l’intégration dans l’Education nationale et les derniers une aide promise par les autorités.



Prévu de s’ébranler de la place des Martyrs vers la présidence, le défilé des chômeurs n’a pas eu lieu à l’endroit initial en raison d’une forte présence policière qui a conduit les participants à rejoindre séparément le siège de la présidence, lieu où devait se tenir un rassemblement des contractuels de l’Éducation nationale.

Là encore, un important dispositif policier a maintenu les manifestants à une cinquantaine de mètres de distance du palais présidentiel. « Nous ne sommes pas des politiciens, nous ne sommes pas des voyous. Nous sommes une jeunesse éduquée », scandaient des manifestants, selon AFP.

Sur les banderoles est inscrit « Protestations jusqu’à l’assimilation » ou « l’intégration est un droit ».

Dalila Touat, 34 ans, animatrice du comité pour la défense des droits des chômeurs a rallié Alger pour prendre part à la manifestation. « J’ai un diplôme de magister en physique, mais je n’arrive pas à trouver d’emploi.

Nous ne vivons que sur des promesses », confie-t-elle à l’AFP.Arrêtée par la police mercredi 16 mars à Mostaganem, puis placée en garde-à-vue durant 24 heures, Dalila doit comparaître le 28 avril prochain pour incitation à un rassemblement non armé par le biais de distribution de tracts.

Dans sa plate-forme de revendications, ce comité réclame, entre autres, une allocation chômage à hauteur de 50% du SNMG ( fixé à 15 000 dinars), la permanisation de tous les contractuels du pré-emploi du filet social et de tous les travailleurs précaires, l’ouverture de nouveaux postes budgétaires, l’interdiction des licenciements économiques et la suppression du service militaire pour les jeunes de 25 ans et plus.

Outre les chômeurs, des enseignants contractuels venus protester devant les fenêtres de la Présidence réclament leur intégration dans l’Education nationale.

« Je viens de Mostaganem (à 350 km à l’ouest d’Alger) où j’ai formé des générations de lycéens devenus ensuite instituteurs. Ils ont été intégrés. Moi toujours pas », estime un enseignant sous le sceau de l’anonymat par « peur de représailles ».

Parmi les manifestants, des Algériens récemment rapatriés de Libye criaient leur colère. « On nous a promis que nous serions pris en charge et nous sommes complètement abandonnés. (..)Avec ma femme et mes enfants, nous sommes à la rue », se plaint Yazid, ayant vécu 17 ans en Libye.

Ce père de famille brandissait une lettre du ministère des Affaires étrangères attestant d’une demande de prise en charge par les autorités préfectorales.

Depuis janvier 2011, le front social et politique est en ébullition : étudiants, chômeurs, gardes communaux, médecins résidents, pharmaciens, pompiers ont multiplié sit-in et grèves. La contestation s’est traduite par une trentaine de tentatives d’immolations par le feu, dont cinq ont été mortelles.

Samedi, le président Bouteflika a annoncé dans un message lu par un de ses conseillers de prochaines réformes « globales » y compris « politiques ».